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TENDANCES NOUVELLES DE LA CHIMIE.

cielles provoquées par le chimiste viennent encore augmenter le nombre de ces substances, dont la longue liste fatiguerait aujourd’hui la mémoire la plus heureuse. Pour créer tous ces corps divers, pour doter chacun d’eux de ses propriétés particulières, n’allez pas croire que la nature ait eu recours aux cinquante-cinq élémens dont nous parlions tout à l’heure. Deux, trois ou quatre corps simples, voilà les ressources qu’elle a employées. Le carbone, l’hydrogène, l’oxigène et l’azote sont mis seuls en jeu dans cet immense laboratoire ; si les autres élémens interviennent, ce n’est jamais que d’une manière accessoire, et le plus souvent comme moyen mécanique de solidification. Quelques millièmes de plus ou de moins de l’un de ces quatre élémens suffisent pour changer complètement la nature d’un composé. Souvent l’analyse la plus délicate ne dévoile aucune différence dans la composition de deux corps d’ailleurs essentiellement distincts, et nous voyons se multiplier ici les faits d’isomérisme. Certes, c’est une grande et difficile tâche que de suivre ces mille Protées dans leurs transformations, que de reconnaître les lois qui règlent jusqu’à leurs écarts les plus bizarres en apparence, et de ramener ce nombre presque infini de faits à quelques formules simples et d’une facile application. Tel est le but que se propose aujourd’hui la chimie organique, et nous pouvons dire avec un juste orgueil que les savans français ont plus que tous les autres contribué à lui donner cette impulsion vraiment philosophique.

Lorsque, abandonnant les études chimiques proprement dites, on cherche à se rendre compte du rôle que jouent dans l’économie des êtres organisés ces principes immédiats, lorsqu’on se place au point de vue physiologique, on est frappé tout d’abord d’un fait des plus remarquables. Parmi toutes ces substances acides, alcalines, neutres, fixes, volatiles, etc., que la science découvre dans les animaux et les végétaux, un très petit nombre seulement paraissent être essentielles à leur composition. De celles-ci il en est surtout six dont l’importance est fondamentale. Trois sont des composés ternaires, c’est-à-dire qu’elles résultent de la combinaison de trois élémens seulement, l’hydrogène, l’oxigène et le carbone. Ce sont la cellulose, trame des tissus cellulaires et ligneux, l’amidon et la dextrine. Les trois autres se composent de quatre corps élémentaires empruntés au règne inorganique, savoir l’hydrogène, l’oxigène, le carbone et l’azote. Ces composés quaternaires sont la fibrine, l’albumine et le caseum.

Les principes immédiats qui forment chacun de ces deux groupes sont très distincts par l’ensemble de leurs propriétés, et cependant