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LE MONDE GRÉCO-SLAVE.

nom des quatre confédérations qui les habitent. Ces quatre régions diffèrent entre elles presque autant par le climat que par les mœurs des différentes confédérations. Ainsi, pendant que la Toskarie souffre chaque année d’un hiver rigoureux, pendant que la Liapourie, dominée par les monts de la Chimère, est presque toujours couverte de sombres nuages et frappée de la foudre, la Djamourie, au contraire, vers les vallons d’Acherusia, les forêts de Dodone et les bords de la mer, jouit d’un ciel toujours serein et d’un printemps éternel. Les orages n’y durent que quelques heures : les gelées de Romélie, les nuées de sauterelles de la Macédoine, la rouille qui dévore les blés de la Morée, le ver qui ravage les vignobles grecs, sont inconnus en Djamourie et sur les côtes de l’Épire. L’été, qu’on pourrait y croire insupportable, est sans cesse tempéré par les brises qui descendent des cimes neigeuses et des forêts séculaires d’où les vents apportent mille parfums dans les vallons. Les campagnes de Naples ne sont pas plus enchanteresses.

La peste, que les navires de Constantinople et de Tunis apportent quelquefois en Albanie, ne peut se développer dans ces régions, grace à la température, qui combat victorieusement ce fléau. En revanche, l’hydrophobie des chiens et des loups, inconnue sur le Bosphore, sévit très fréquemment dans cette province, comme en Macédoine. L’atmosphère de plusieurs localités marécageuses est tellement chargée de miasmes fiévreux, qu’il faut, en été, les évacuer complètement. Les eaux de rivière, souillées d’insectes et de végétaux en dissolution, sont tout-à-fait impotables et rendent indispensable l’emploi de l’eau de source. Bien que fréquens, les tremblemens de terre ne produisent pas, en Albanie, les mêmes bouleversemens que sur les côtes de la Grèce et dans les îles de l’Archipel ; les feux souterrains qui agitent cette contrée n’en altèrent pas la salubrité ; les innombrables cavernes des montagnes n’exhalent aucune vapeur nuisible, et le terrible Achéron lui-même, au milieu des vallons volcaniques et des cratères éteints qu’il parcourt, ne donne plus la mort aux hommes.

À partir du Nissava-Gora et du Gloubotin, haut de neuf mille six cents pieds, les montagnes de l’Albanie vont en général s’abaissant jusqu’à la mer ; elles deviennent de plus en plus arides et calcaires, et se terminent presque toujours par des caps brusques et des murs perpendiculaires que la vague bat avec fureur. Quoique égalant sur plusieurs points la hauteur des Pyrénées, et dépassant partout celle des Apennins, ces chaînes ne sont point comparables aux Alpes :