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DES
ÉTUDES ÉGYPTIENNES
EN FRANCE.

M. Letronne professe cette année, au collége de France, un cours qui attire de nombreux auditeurs. Il s’agit pourtant d’archéologie égyptienne, et le sujet ne semble guère d’abord être d’un intérêt général ; mais M. Letronne y apporte une critique si ingénieuse, une si spirituelle érudition, que l’on a le plus vif plaisir à le suivre, et qu’après l’avoir entendu une fois, on se promet bien de revenir. M. Letronne sait d’ailleurs tirer des plus minutieux détails de l’archéologie des résultats aussi vastes qu’imprévus. Ce n’est pas qu’il s’aventure à des conclusions précipitées, à de téméraires hypothèses : personne mieux que lui ne se résigne à attendre. Il ne déduit d’un fait que ce qui y est rigoureusement contenu, mais il ne laisse non plus échapper aucune de ses conséquences. Il ne préjuge jamais une question : il commence par savoir tout ignorer, et c’est le meilleur moyen de finir par tout connaître.

M. Letronne s’est attaché surtout, cette année, à démontrer l’origine indigène de la civilisation de l’Égypte. Sol, race, langue, écriture, institutions ; il examine tout ce qui peut lui donner quelques renseignemens à cet égard. Il a été appelé ainsi à d’importantes digressions