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DU ROMAN
EN ANGLETERRE
DEPUIS WALTER SCOTT.

L’histoire littéraire n’est que l’histoire des opinions et des idées. Dans quelque forme que ces opinions et ces idées se jettent, quelque moule qu’elles empruntent, drame, roman ou poème, le même fonds commun, la guerre des opinions, se retrouve dans les livres. Milton, le poète idéal, spiritualiste et chrétien, procède directement de l’idéaliste Spenser. Il fait la guerre à Butler et à Roscommon, épicuriens et royalistes. Dryden, le versificateur indifférent, est père de Pope, cet admirable et ingénieux artisan d’élégantes rimes ; l’un et l’autre se montrent hostiles à la rigidité calviniste, qui règne au contraire chez Bunyan, le romancier allégorique, chez Daniel De Foë, le conteur minutieux, chez Richardson, le casuiste de la narration domestique. On voit marcher sous le même drapeau l’amer et ingénieux Butler, Fielding, antagoniste ardent de toutes les hypocrisies, et le spirituel Sheridan ; ils font partie d’une seule armée qui attaque l’apparence de la vertu sous les noms de Richardson, Bunyan et De Foë.

Tels sont les grands faits cachés qui, disparaissant après la mort