nière des dandies dégénérés de la race ottomane, un énorme parapluie pour se préserver des rayons du soleil.
Près de la cathédrale devenue mosquée s’élèvent d’imposantes ruines, peut-être celles d’un palais bulgare, que les vainqueurs s’étaient également approprié : ils en avaient fait leur grand caravansérail. Sur son portail gigantesque, on voit encore des globes, des roses, des étoiles, des branches sculptées avec leurs fruits, et un écusson formé de trois pommes réunies. Autour de la ville, on rencontre souvent dans la campagne des chapiteaux antiques et des tronçons de colonnes qui servent de siéges aux laboureurs bulgares. On remarque sur ces débris des signes confus que le hasard ou la dégradation expliquent seuls, et que les laboureurs tiennent pour des inscriptions latines. Le paysan oriental, pour désigner des caractères dont le sens lui échappe, dit : C’est du latin, — comme le peuple, chez nous, dit : C’est du grec.
Dominée par le fameux mont Rilo, et sillonnée en tout sens de chaînes à pic, la province de Sofia peut être considérée comme la forteresse naturelle de la Bulgarie. Les Romains avaient bien senti que ce point pouvait devenir une des principales barrières de l’Occident contre l’Orient ; ils l’avaient hérissé de fortifications, dont le principal débris est la porte trajane (Kapoulou-Derbend), aux limites de la Zagora, près d’Ichtiman, entre Sofia et Philibé. Ousref-Pacha l’a démolie en 1835. Au milieu de ces montagnes se trouvent Kostendil, ville ruinée avec des restes de tours, Samokov avec ses forges, et Doubnitsa, dominée par sa vieille forteresse prétendue inabordable, qui sert d’asile aux Turcs de la province quand les rayas s’insurgent. Le gouverneur actuel de ce misérable fort est un bey façonné à l’européenne, dont le konak champêtre rappelle les villas italiennes. Les innombrables cimetières turcs, et les sépultures des pachas, à colonnes de marbre, qui remplissent ces sauvages et solitaires défilés, indiquent assez cependant combien ces lieux ont vu couler de sang musulman, et combien peu les beys osmanlis doivent prétendre à y jouir des douceurs de la paix. Des mines délaissées de fer et de plomb bordent les chemins, et d’énormes tas de minerai gisent le long des torrens. Le village de Krapets, entre Sofia et Doubnitsa, est tout environné de minerai de fer, que le gazon recouvre peu à peu. Les bonnes gens de ce pauvre village me racontaient avec douleur, à moi Bulgare d’Occident, qui venais visiter mes frères orientaux, un déplorable trait de la cruauté turque, le pillage du monastère de Sainte-Paraskevia, qui couronnait la montagne voisine, et d’où sort un ruis-