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REVUE. — CHRONIQUE.

on a cru que M. d’Audiffret avait en vue les hommes et non les choses. Tous ceux qui connaissent l’honorable pair repousseront cette supposition ; ses critiques sur le ministère des finances sont l’expression modérée de convictions sincères, qui sont basées sur des faits. Ancien directeur de la comptabilité générale, où il a rendu de grands services, M. d’Audiffret n’a pu se décider légèrement à critiquer l’organisation actuelle du ministère des finances. Il admire plus que personne ce bel ensemble que le génie de l’ordre a créé, et que des volontés puissantes ont perfectionné pendant vingt ans. Il respecte une œuvre glorieuse, qui a illustré de grands ministres, mais il craint que la solidité de cette œuvre ne soit compromise par des méthodes récentes. On s’écarte, selon lui, des principes de centralisation et d’unité qui ont présidé à sa fondation. Voilà pourquoi M. d’Audiffret appelle l’attention publique sur le ministère des finances, et propose des réformes qui ont pour objet de ramener cette administration dans des voies dont l’abandon serait dangereux pour elle et pour le pays.



Les négociations commerciales entamées depuis si long-temps entre la France et la Belgique seront-elles reprises dans l’intervalle des deux sessions législatives ? On ne peut que le désirer dans l’intérêt des deux pays, surtout après avoir lu un ouvrage qui a paru il y a peu de temps, et qui a pour titre : De l’Association douanière entre la France et la Belgique, par M. P.-A. de La Nourais[1]. L’auteur, partisan d’une union de douanes qui supprimerait les frontières intermédiaires, et ferait de la Belgique et de la France un même marché de 40 millions de consommateurs soumis à la même législation commerciale, a examiné toutes les questions qui peuvent en préparer ou en amener la réalisation. En première ligne se présentaient les difficultés extérieures, celles que les cabinets étrangers, la Prusse, et surtout l’Angleterre, pourraient opposer à une semblable combinaison. Viennent ensuite les résistances des intérêts privés, des industries qui peuvent se croire menacées par la concurrence des industries similaires chez nos voisins du nord. Ici, M. de La Nourais examine dans tous ses détails la situation parallèle des plus importantes industries, tant en France qu’en Belgique.

Nous voyons ainsi ce qu’auraient à perdre ou à gagner à une association douanière les propriétaires de houilles et l’industrie métallurgique, celle des cotons, des toiles, des lins, la carrosserie, l’agriculture. La Belgique a aussi des intérêts menacés : elle devrait anéantir la contrefaçon et perdre la majeure partie des revenus de son transit, toujours en progrès depuis l’établissement de ses chemins de fer. D’autre sujets non moins importans sont encore abordés par M. de La Nourais, car, ainsi qu’il le prouve fort bien, la

  1. Un vol. in-8o, Paulin, rue de Seine, 33.