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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 mai 1842.


La question du droit de visite a été à plusieurs reprises renouvelée au sein des chambres ; la plupart de nos hommes d’état ont été entraînés à la tribune pour y expliquer le rôle qu’ils ont joué dans cette affaire et y plaider en quelque sorte leur cause personnelle. Nous sommes loin d’applaudir à ceux qui ont provoqué et rendu nécessaires ces débats, débats à nos yeux inopportuns et peu conformes aux intérêts et à la dignité du pays. En voyant étaler à notre tribune nationale et les secrets de notre diplomatie, et les dissentimens de nos administrateurs, et les correspondances de nos ministres, et les conversations de nos agens, ne dirait-on pas que c’est pour l’amusement de nos oisifs et pour l’étonnement de l’étranger que nous jouissons du droit de libre discussion ?

Au surplus, la cause personnelle de nos hommes d’état pouvait, ce nous semble, être défendue d’une manière toute facile et toute simple. M. Sébastiani a signé sans instructions un protocole qui n’était pas un traité, bien qu’un projet de traité y fût annexé ; en réservant au gouvernement français toute sa liberté pour toutes les modifications qu’il jugerait convenable d’apporter au projet, M. Sébastiani crut devoir signer un procès-verbal ayant pour but d’inviter les trois grandes puissances du Nord à une négociation à cinq sur le droit de visite. Les agens de ces puissances à Londres, n’ayant ni pouvoirs ni instructions à ce sujet, ne pouvaient prendre la proposition qu’ad referendum, la transmettre à leurs cours, et en attendre les instructions. Qu’importe la présence à Londres de M. Desages au 12 décembre ? Qu’importe de savoir si M. l’ambassadeur lui a fait connaître le procès-verbal qu’il venait de signer ? Il est reconnu que M. Desages n’avait ni mission ni pouvoirs relatifs au droit de visite, qu’il ne pouvait ni approuver ni infirmer le fait de