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LETTRES DE CHINE.

quelques mots d’Hong-kong, cette possession anglaise dont l’occupation a eu tant de retentissement en Europe.

L’embouchure de la rivière de Canton, comme vous l’avez vu, est parsemée d’îles presque toutes stériles ; quelques-unes cependant offrent, dans certaines parties, plus de facilité pour la culture, à cause des eaux qui peuvent les féconder. Hong-kong est de ce nombre. La pointe sud de cette île est par le 22° 14′ 45″, et la pointe nord par le 22° 20′ 50″ de latitude septentrionale. Elle s’étend depuis le 114° 6′ 46″ jusqu’au 114° 15′ de longitude est de Greenwich. Sa circonférence est d’environ soixante-dix milles ; sa conformation est très irrégulière, surtout dans la partie sud ; elle offre, dans les nombreuses baies dont elle est comme dentelée, un abri aux navigateurs qui, à la mousson de nord-est, entrent dans la rivière de Canton. La distance d’Hong-kong à Macao est d’environ quarante milles. L’île est comprise dans le district de Sin-oan-hien, dans la province de Canton. Chaque province de la Chine est divisée en un certain nombre de foo, départemens ou préfectures, et chaque foo comprend plusieurs hien ou districts. Ainsi, la province de Canton contient dix foo ou départemens, subdivisés en soixante-douze districts, dont le plus considérable est Kouang-choo-foo, dans le territoire duquel est la ville de Canton. La population d’Hong-kong est d’environ 7,500 ames, dont 4,350 résident dans les villages qui sont situés dans les différentes parties de l’île. Le reste de la population habite les bazars et les bateaux ; vous savez que, sur tous les fleuves de la Chine, il y a de nombreuses tribus dont la résidence est toujours à bord de leurs barques ou dans des espèces de hameaux formés par de vieilles embarcations élevées sur des piquets au-dessus des vases même de la rivière. Cette population, comme presque toute celle de l’île, émigre souvent, la terre ne produisant pas assez pour la nourrir. La principale ville de Hong-kong est Chek-chu ; sa population est de près de 2,000 ames. C’est une île très montueuse, comme la plupart de celles qui se trouvent dans les eaux intérieures de la rivière de Canton ; quelques vallées, étroitement resserrées par les montagnes et arrosées par des ruisseaux qui tarissent souvent, permettent aux Chinois d’y cultiver un peu de riz. Elle ne peut donc offrir par elle-même un grand intérêt à la colonisation anglaise ; mais sa situation au milieu des passages, sa proximité du Boca-Tigris, pourraient présenter quelques avantages à la nation qui l’occuperait avec la sanction du cabinet de Pékin et avec la faculté d’y porter son commerce et d’en faire un vaste comptoir où les Chinois viendraient s’approvisionner. Jusque-là, quoique le typhon qui a soufflé sur la rivière de Canton à la fin du mois de juillet dernier, ait démontré que l’ancrage de ses baies n’est pas aussi sûr qu’on l’avait cru d’abord, Hong-kong peut être pour les Anglais un point de refuge contre les coups de vent de la mousson de sud-ouest, et servir, pendant la guerre, d’entrepôt à un commerce de contrebande assez étendu. Le capitaine Elliot attachait une grande importance à la possession d’Hong-kong ; je l’ai dit, il y fit tracer le plan d’une ville, y établit une administra-