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la multiplicité de leurs sources, ne sont pas évaluées à moins de 800 millions par an.

Total de l’évaluation des recettes ordinaires en Angleterre pour 1843, en y comprenant les frais de perception, 2 milliards 118 millions ; total des mêmes recettes en France en retranchant les non-valeurs et restitutions, 1 milliard 308 millions ; différence en moins pour la France, 810 millions. À ce chiffre, il faut ajouter, pour la France, une vingtaine de millions pour représenter l’augmentation probable du revenu des contributions indirectes, mais il faut aussi ajouter, pour l’Angleterre, le produit de l’income-tax, qui doit être de 100 millions environ.

Ainsi, en France, une population de 34 à 35 millions d’ames paiera, en 1843, 900 millions de moins que la population de 25 à 26 millions d’ames que renferme le royaume-uni. Voilà une première différence qui paraît en faveur de l’Angleterre, car d’ordinaire la puissance financière d’une nation se mesure à la puissance de son budget.

Mais pour que ce fait eût toute sa valeur, il faudrait qu’il fût reconnu que la somme de la richesse publique est en Angleterre et en France dans la même proportion que les deux budgets, c’est-à-dire que la richesse de l’Angleterre est à celle de la France comme 22 est à 13. Le chiffre du budget n’a de valeur que comme signe du revenu national ; c’est ce revenu qui est la véritable richesse ; c’est lui qu’il importe de constater. Sinon, une nation pauvre qui s’imposerait d’énormes sacrifices paraîtrait plus riche qu’une nation opulente qui paierait peu d’impôts.

Nous sommes ici dans le monde des conjectures. Rien n’est plus difficile à saisir et à fixer que le revenu général d’un pays. Nous allons cependant, sans entrer dans les détails des immenses calculs des économistes, nous rattacher à quelques indications précises qui pourront nous mettre sur la voie.

Il y a deux sources de revenus pour un peuple : 1o le travail agricole, 2o le travail industriel et commercial.

Pour constater quel peut être le produit du travail agricole en Angleterre et en France, nous n’avons que deux documens à peu près certains, le nombre des hectares mis en culture, et le nombre des bras occupés au travail des champs.

Les plus récentes statistiques portent à 8 millions d’hectares les terres labourables du royaume-uni, et à 20 millions d’hectares la totalité du sol cultivé. En France, il y a 20 millions d’hectares de terres labourables sur une superficie cultivée de 40 millions d’hectares.

En Angleterre, la population agricole est d’un peu plus d’un tiers de la population totale, soit 9 millions d’ames environ ; en France, les deux tiers de la population sont occupés à l’agriculture, soit 24 millions d’ames.

Ainsi, la puissance agricole de l’Angleterre est représentée par 20 millions d’hectares et 9 millions de travailleurs, et celle de la France par 40 millions d’hectares et 24 millions de travailleurs.

On peut dire, il est vrai, qu’avec des forces moindres, les agriculteurs