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REVUE. — CHRONIQUE.

puissant, plus précieux que le triomphe de son parti. Où trouver ce dévouement opiniâtre, et dussent les mots hurler de se trouver ensemble, disons-le, ce dévouement intéressé à la cause de son parti ? Les aristocraties seules en sont capables. C’est là ce qui les sauve, et c’est là ce qui les perd à un moment donné. Elles se brisent par l’habitude de ne pas céder.

On l’a dit mille fois, et il importe de le répéter : chez nous, dans les pays démocratiques, rien de pareil n’est possible. On a un parti, on lui est fidèle, mais on n’en est pas le seïde. On fait des distinctions, on fait des réserves ; les hommes du même parti forment entre eux une confédération telle quelle. Ils ne forment pas une unité absolue. L’individu ne s’efface jamais, et il est toujours plus disposé à la critique de ses chefs qu’à l’éloge, à la révolte qu’à la soumission absolue. Ces résultats, il faut les accepter comme des conséquences nécessaires de notre état social et politique, et il faut les accepter sans s’en plaindre. S’ils sont des inconvéniens, la démocratie les rachète amplement par ses avantages. Sont-ils en réalité des inconvéniens ? Notre système étant donné, que deviendrait la chambre des députés s’il était possible d’y organiser des partis comme il y en a, je me trompe, comme il y en avait en Angleterre avant la réforme ? La chambre des députés emporterait toute chose, elle envahirait le pouvoir tout entier ; ce qu’on appelle le décousu des partis qui la divisent, la faiblesse de sa constitution, n’est en réalité qu’un moyen d’équilibre, une heureuse nécessité.

Ajoutons, pour rentrer dans les chemins de fer, que plusieurs députés ont voté le projet dans l’espoir qu’il pourrait être amendé par la chambre des pairs. Nous ne saurions préjuger les opérations de cette chambre. Il est connu de tout le monde que le projet y trouvera des censeurs et des opposans. Quel sera le résultat des critiques auxquelles le projet peut donner lieu, des oppositions qu’il soulève ? Tout ce que nous désirons, c’est que la chambre des pairs dirige son travail de manière que le pays ne soit pas frustré, cette année encore, de ses espérances.

La loi sur les rachats des actions de jouissance des canaux ne franchira pas cette session le seuil du Luxembourg. La commission est, dit-on, unanime pour la repousser. Le ministère désirera peut-être éviter une discussion qui probablement ne serait pour lui qu’un échec.

La loi sur les endiguemens paraît aussi avoir rencontré dans la chambre des pairs une opposition formidable.

Le ministère anglais poursuit laborieusement son œuvre au sein du parlement. On peut tenir pour certaine l’adoption de l’income-taxe L’opposition a épuisé sans peine tous les moyens de résistance. Quant au bill sur les tarifs, la défense en est plus difficile, plus embarrassante surtout. Les lois de cette nature rappellent toujours cette image désormais vulgaire d’une porte qu’on ne veut ni ouvrir ni fermer. Un abaissement des tarifs ne signifie rien s’il ne permet pas l’importation d’une denrée qui était jusqu’alors prohibée ou repoussée par l’élévation du droit. Le nouveau tarif paraît-il devoir produire ce résultat, les prohibitifs l’attaquent avec fureur au nom, bien entendu,