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DU MOUVEMENT
PHILOSOPHIQUE
EN PROVINCE.

Lorsqu’à la suite de la révolution française les coutumes locales et les priviléges des diverses provinces firent place à cette organisation régulière et uniforme qui réunit toute la France sous une même administration et dans une même hiérarchie, Paris devint l’unique centre de tous les pouvoirs et de tous les intérêts, et, par une conséquence presque nécessaire, de tout le mouvement littéraire et scientifique du pays. Les communautés religieuses vouées à la culture des lettres furent proscrites ; avec elles disparurent les cours, les bibliothèques, les collections, et, ce qui n’est pas moins nécessaire pour susciter et entretenir le zèle des études, les conseils, les encouragemens et l’exemple d’hommes éclairés qui mettent en commun leurs lumières et leurs espérances. Par suite de cette concentration, tandis que l’Angleterre a deux universités florissantes, et qu’en Allemagne on rencontre partout des universités, des académies, des hommes d’étude, en France, l’activité intellectuelle n’a, à vrai dire, qu’un seul foyer pour suffire à tous les besoins. De là,