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DU ROMAN
ET DE SES SOURCES
DANS L’EUROPE MODERNE.

I. – HUGO DE TRIMBERG.

Le roman est le vrai fruit des temps modernes. On retrouve chez nos plus brillans comme chez nos plus sérieux écrivains ce même art délicat de comprendre, de pénétrer et de reproduire les passions, les mœurs, et les caractères ; il appartient à la fois aux ascètes et aux satiriques modernes, à saint François de Sales et à Nicole, à Shakspeare et à l’abbé Prévost. Le roman est chrétien.

Non-seulement il est chrétien, mais il est septentrional. La gloire du roman appartient au nord de l’Europe. C’est là seulement que l’analyse des caractères et l’examen détaillé des individus ont constitué une vaste et fine littérature à la tête de laquelle brillent des noms exclusivement septentrionaux. L’Allemagne seule emploie le mot charakteristik dans un sens impossible à méconnaître, et qui forme une classification critique. En Angleterre, to be a character indique une individualité prononcée, distincte, isolée. En Italie, en Espagne, rien de tel. Le Midi, père du symbole, ne produit que des types. La commedia dell’arte, essentiellement italienne, vous offre