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DU CALVINISME.

la pure bonté de Dieu. En un mot, nous ne devons pas être sans bonnes œuvres, et néanmoins c’est sans égard à ces bonnes œuvres que nous serons justifiés. En d’autres termes encore, la pénitence n’est pas la cause du salut, mais elle est inséparable de la foi de l’homme et de la miséricorde de Dieu. De cette façon la régénération intérieure est obligatoire pour l’homme, et cependant elle ne lui donne aucun titre aux yeux de Dieu, qui ne le sauve qu’en vertu de son inépuisable clémence. Par là Calvin veut briser l’orgueil que les bonnes œuvres pourraient inspirer à l’homme, et il exclut du salut tous ces pharisiens qui se montrent pleins d’eux-mêmes et contens de leur propre justice. La pensée constante de Calvin est de tout refuser à l’homme pour tout donner à Dieu. Nous l’avons entendu tout à l’heure déclarer l’homme responsable quand il fait le mal, quoique ce mal ait été décrété pour Dieu ; maintenant il n’accorde à l’homme aucun mérite quand il fait le bien, parce qu’il veut grossir le plus possible les mérites et la miséricorde de Jésus-Christ.

Après avoir établi les doctrines qu’il considère comme l’essence même du christianisme, Calvin attaque avec violence les principes catholiques. La confession est l’objet des plus amères censures. Elle n’est pas commandée par Dieu, elle n’est pas de droit divin. La coutume a pu en être ancienne, mais l’usage en a été toujours libre. Avant Innocent III il n’y avait dans l’église aucune loi, aucune constitution sur ce sujet. Il y a donc à peine trois cents ans, — Calvin écrit dans la première moitié du XVIe siècle, — que le pape a décrété la nécessité de la confession. Il n’y a, suivant la pure doctrine de l’Écriture, qu’une seule manière de se confesser, c’est de se confesser à Dieu même, en lui ouvrant directement son cœur. L’Écriture nous recommande encore de nous confesser nos péchés les uns aux autres. Le fidèle peut donc chercher des conseils et des consolations dans le sein de son frère ; il peut même s’adresser à ses pasteurs ; mais de sa part tout cela est libre, nul ne peut l’y contraindre. Le fidèle doit encore, quand les liens de la charité ont été rompus par sa faute, chercher à les renouer, et cette réconciliation avec son frère est une sorte de confession, puisqu’il ne peut y arriver que par un franc aveu de ses torts ; mais ordonner, comme le fait l’église romaine, que le chrétien confesse tous ses péchés au moins une fois par an, et prétendre que le prêtre a le pouvoir souverain d’absoudre, c’est tomber dans l’impossible et dans l’absurde. Comment le fidèle peut-il rendre un compte exact de ce qu’il a fait dans le cours d’une année, quand nous pouvons à peine chaque soir nous rappeler les fautes,