Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 30.djvu/531

Cette page a été validée par deux contributeurs.
525
DU CALVINISME.

« On sait, dit Calvin, de quels monstrueux déguisemens ils usent, quand ils prétendent représenter la Divinité. On connaît les peintures qu’ils consacrent aux saints, les images des vierges dans leurs églises. Comment n’en pas condamner le luxe ou l’immodestie ? » L’auteur de l’Institution chrétienne, mêlant l’injure au dogmatisme, s’attachait, au milieu de ses enseignemens, à accabler ses adversaires.

Pénétrant dans l’essence du dogme, Calvin établit que l’Écriture n’a jamais séparé l’unité de Dieu de sa trinité. Cette fois sa doctrine concorde avec la doctrine catholique la plus orthodoxe. Il explique les hypostases, les personnes qui sont dans l’essence de Dieu, comme l’a fait Athanase ; il s’élève contre les ariens et les macédoniens ; il réfute Servet. Ce malheureux anti-trinitaire, qui devait périr plus tard fut l’objet d’agressions toujours croissantes dans les éditions successives que Calvin donna de son livre. Ce Dieu en trois personnes a créé le monde, il a créé aussi les anges ; dans quel temps ? Il ne convient pas de le rechercher ; les Écritures ne doivent pas être lues avec un vain désir d’apprendre des choses inutiles ; l’homme doit les méditer pour sanctifier son ame et non pour satisfaire une curiosité qui pour le salut a ses périls.

L’homme, voilà l’ouvrage de Dieu qu’il importe le plus à l’homme de connaître. Avant de constater la condition misérable dans laquelle il est tombé par sa révolte, il est nécessaire de savoir ce qu’il fut dès le commencement de sa création. Avant la chute de l’homme, toutes les parties de son ame étaient pures, son entendement était sain, et sa volonté était libre de choisir le bien. Dieu n’était pas astreint à la nécessité de faire l’homme tel qu’il ne pût ou ne voulût pas pécher. Dieu, au contraire, doua l’homme d’une volonté moyenne, flexible pour le bien comme pour le mal, fragile, capable enfin de désobéir, afin que de la désobéissance de l’homme Dieu tirât la matière de sa gloire.

Le croyant ne saurait se représenter le créateur comme ayant accompli son œuvre pour n’y plus mettre la main, mais il doit l’établir par la pensée comme conservateur de cet univers créé ; il doit être fermement convaincu que non-seulement Dieu gouverne la machine du monde par un mouvement général, mais encore qu’il soutient, nourrit et fortifie chaque créature en particulier, jusqu’aux plus petits oiseaux du ciel, jusqu’aux moindre insectes de la terre. Calvin oppose cette providence toujours présente et toujours efficace au système d’Épicure, et à la fatalité des stoïciens ; il la montre étendant son action sur toutes choses, et la gouvernant d’une manière