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lestes. Dieu voulut aussi que ces mêmes oracles, qu’il avait dans l’origine confiés à la tradition des hommes, fussent écrits, afin qu’ils restassent immuables au milieu des agitations de l’univers. De là la loi des Juifs, de là les écrits des prophètes, et voilà pourquoi le roi David a pu s’écrier : « La loi de l’Éternel est entière, restaurant l’ame ; le témoignage de l’Éternel est assuré, donnant sagesse au simple ; les ordonnances de l’Éternel sont droites, réjouissant le cœur ; le commandement de l’Éternel est pur, faisant que les yeux voient. »

Nous sommes maintenant devant l’autorité des Écritures. Les Écritures sont la voix de Dieu, et c’est le Saint-Esprit qui en scelle le témoignage dans le cœur des fidèles. L’Écriture se fait connaître et se fait sentir d’une manière non moins évidente ni moins infaillible que les choses blanches et noires, douces ou amères, affectant les sens. Ici Calvin commence l’attaque contre la théologie catholique. Il n’est pas vrai, selon lui, que le respect qu’on doit aux Écritures dépende des décisions de l’église. Saint Paul n’a-t-il pas enseigné que l’église est édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes ? Si donc la doctrine que les prophètes et les apôtres nous ont laissée est le fondement de l’église, il faut bien que la certitude de cette doctrine précède et prime l’existence de l’église. C’est le témoignage secret et intérieur du Saint-Esprit, qui est le vrai fondement de cette certitude. Il n’y a de vraie foi que celle que le Saint-Esprit produit et scelle dans le cœur de l’homme. De ce principe nous verrons bientôt la doctrine de la prédestination découler nécessairement.

Après avoir réfuté les catholiques qui veulent élever l’église au-dessus de l’autorité de l’Écriture, Calvin combat un autre excès, c’est la folie de ces fanatiques qui abandonnent la parole de Dieu pour suivre leurs rêveries, qu’ils appellent les révélations intérieures du Saint-Esprit. Ces orgueilleux illuminés oublient que saint Paul et les apôtres ont toujours recommandé la lecture des prophètes. C’est dans la parole divine que l’homme doit mettre toute sa confiance : il doit chercher Dieu dans son temple.

Quelles sont les vérités que nous enseignent ces divines Écritures, qui sont la règle unique de la croyance et de la vie du vrai chrétien ? D’abord Dieu y défend, en termes exprès, qu’on entreprenne de le représenter dans une forme visible ; Moïse et saint Paul nous ont, sur ce point, transmis ses commandemens. Cependant le génie dépravé des païens s’est perpétué chez ceux de la communion romaine.