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REVUE. — CHRONIQUE.

il m’appartenait de céder la place à un monarque dont les idées fussent d’accord avec les idées du pays. J’ai porté avec moi le souvenir du bien que j’ai fait (il en a fait beaucoup), sans le troubler par le spectacle des maux que j’aurais occasionnés en gardant le pouvoir. — Le roi de Hanovre a pu en effet profiter de l’enseignement. Mais quels souvenirs porterait-il dans la retraite ? Qu’a-t-il fait pour le pays que la Providence lui avait confié ?

Des troubles assez graves ont éclaté parmi les ouvriers cloutiers et mineurs dans le voisinage de Birmingham. C’est encore une de ces crises passagères, mais douloureuses, auxquelles est nécessairement exposé tout pays dont la population déborde, et dont l’industrie a été poussée, par la main du législateur, dans des voies artificielles. Ces crises n’ébranlent point le pays, parce qu’elles sont partielles, locales. Là où l’industrie est très variée, il est rare que les vicissitudes du marché affectent en même temps toutes les productions, que les salaires baissent le même jour et au même degré dans tous les ateliers. Un certain niveau s’établit sans doute entre toutes les industries, mais lentement, à la longue. Souvent la hausse revient avant que le contre-coup de la baisse partielle se soit fait sentir partout. Il n’est pas moins vrai que la situation industrielle de l’Angleterre est des plus artificielles et des plus dangereuses ; c’est un fait nouveau, unique dans l’histoire. Il sera, pour nos descendans, une source féconde d’enseignemens, un sujet inépuisable de méditations. Pour nous ce fait est encore plein d’obscurités et d’incertitudes. Nous le voyons grandir, se développer de plus en plus ; nous savons qu’il préoccupe tous les hommes d’état, qu’il est le véritable moteur, on peut dire l’unique moteur de la politique anglaise. Mais quels en seront les développemens ultérieurs et les résultats définitifs ? Où aboutit cette carrière artificielle ? Où mène cette machine à vapeur dont l’impulsion augmente de jour en jour, d’heure en heure, et qu’aucune force humaine ne paraît plus en état de gouverner ?

Le bill de l’income-taxe et celui des douanes suivent, dans le parlement, leur cours, lent, mais régulier. Tous les obstacles que l’opposition s’est efforcée d’élever ont été jusqu’ici écartés par une imposante majorité. Le succès du parti ministériel ne paraît pas douteux.

Le gouvernement de Maroc vient de se faire une querelle avec les États-Unis. La race musulmane a bien de la peine à comprendre que les nations civilisées ont depuis long-temps cessé de la craindre, et qu’elles ne sont plus d’humeur à supporter des actes de barbarie et des infractions au droit des gens. Le consul américain a été insulté à Tanger par les satellites du despote, et, au lieu de les désavouer, l’empereur aurait répondu qu’ils avaient fait leur devoir, et que le consul, puisqu’il voulait partir, pouvait le faire, emportant avec lui le bien et le mal qu’il avait reçu. Il est impossible que l’Union laisse l’outrage impuni, et toutes les puissances chrétiennes applaudiront au châtiment qu’elle infligera à ces barbares.

La France aussi ne manque pas de justes sujets de plaintes contre l’empereur du Maroc. Il paraît positif qu’Abd-el-Kader recrute ses bandes sur le