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artésien à grand diamètre dans lequel le creusement ne serait jamais arrêté par l’enlèvement des déblais. On conçoit qu’il serait possible de faire marcher de front ces deux opérations qui sont successives dans les forages ordinaires, c’est-à-dire de trouver place, au fond du puits, pour des outils qui creuseraient toujours sans jamais remonter, et pour ceux qui, recevant le produit du travail des premiers, le remonteraient jusqu’au sol.

Après avoir examiné la question d’art et d’hydraulique qui se rattache au forage de Grenelle, il me reste à discuter le problème scientifique à la solution duquel devait conduire ce grand travail.

Il s’agissait, on se le rappelle, quand le puits de Grenelle a été entrepris, de profiter de cette circonstance pour déterminer la loi suivant laquelle s’accroît la température dans l’intérieur de la terre à mesure qu’on s’y enfonce plus profondément. Il n’a été donné qu’à deux savans de suivre toute la série des observations que nécessitait cette recherche[1]. L’un est le célèbre académicien dont nous avons parlé plusieurs fois dans ce travail ; l’autre est M. Walferdin, qui s’est fait un nom par ses recherches géologiques et thermométriques. D’autres observateurs auraient désiré faire à part de nouvelles expériences pour les comparer à celles de ces deux savans, mais on assure que la porte de l’atelier de Grenelle ne s’est pas ouverte pour eux. Nous devons regretter d’autant plus vivement cette absence de coopération, que les résultats obtenus par MM. Arago et Walferdin paraissent incomplets à un certain nombre de savans, et qu’on a même cru voir dans la manière d’opérer de ces deux physiciens l’oubli le plus étrange des grandes lois qui régissent l’état thermal de notre planète.

Fourier, de savante mémoire, qui fut, lui aussi, pendant longtemps secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, Fourier a le premier coordonné, dans son grand traité mathématique de la chaleur, les principes relatifs à l’état calorifique du globe. Négligeant les faibles différences que présentent les diverses matières qui composent l’écorce terrestre, dans leur manière de propager la chaleur, Fourier a montré que la température devait croître dans notre planète proportionnellement à la profondeur. Mais Fourier négligeait deux causes qui modifient singulièrement cette loi ; ces causes sont l’action des eaux et de l’air qui pénètrent dans la croûte du globe

  1. Nous ne mentionnons que pour mémoire l’illustre Dulong, qui est mort long-temps avant la fin de l’opération.