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PUITS ARTÉSIENS.

Un de nos ingénieurs les plus instruits, qui occupe une position élevée dans l’École royale des mines, ne serait pas éloigné de conseiller une révolution presque radicale dans ces forages à grande ouverture. Il proposerait de remplacer la poudre qui est si chère, et dont l’effet est si incertain, par de puissans outils d’acier, dont les uns concasseraient les rochers par la percussion, et dont les autres creuseraient le puits sur la circonférence. Tous ces outils gigantesques seraient mus par une machine à vapeur installée à l’orifice même du puits. Il ne faudrait au fond du puits qu’un ou deux ouvriers, dont la mission serait de guider les outils, de les changer au besoin, sans qu’il fût nécessaire de remonter tout l’attirail des tiges jusqu’au sol, comme cela se fait dans le sondage ordinaire. Les mêmes ouvriers placeraient les débris de rochers, les sables, les argiles, etc., dans de petites tonnes destinées à remonter ces débris jusqu’à la surface, et, pendant que ces déblais seraient enlevés, le creusement du puits ne serait pas interrompu.

À l’appui de son système, l’auteur cite le moyen aussi simple qu’ingénieux qu’emploient les Américains pour creuser le lit des rivières dans les endroits où des roches, s’élevant dans ce lit à une trop grande hauteur, occasionnent ce que nous appelons des rapides. Ce moyen consiste à faire battre sans cesse les roches par des pilons à tête d’acier, que font mouvoir des roues à aubes, portées avec les pilons sur un bateau amarré au rivage voisin. Jamais mineur logé dans une cloche à plongeur ou dans un bateau sous-marin ne pourrait, avec la poudre, opérer aussi promptement et d’une manière aussi économique.

Il va sans dire que, dans ce système mixte, entrerait l’emploi de l’appareil imaginé récemment par les Anglais, et qui a pour objet d’empêcher les chutes des tonnes dans les puits des mines, lorsque vient à casser la corde à laquelle ces tonnes sont suspendues. Une invention aussi précieuse devrait être adoptée dans toutes les mines ; non-seulement elle éviterait les pertes, les dégâts qu’entraîne la chute des tonnes, mais, ce qui est bien autrement important, elle préserverait d’un danger, qui n’est que trop réel, les ouvriers placés au fond du puits et ceux qui se servent des tonnes pour monter ou pour descendre.

Puisque nous sommes dans le vaste champ des projets, on nous permettra de dire deux mots d’un système de forage qui tiendrait lui-même le milieu entre le forage mixte que nous venons de décrire et les forages artésiens proprement dits. Ce système serait un forage