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PUITS ARTÉSIENS.

hydrauliques sur la Seine et que je lui rappellerai. Un puits de cette sorte, creusé dans un terrain semblable à celui de Grenelle et à la même profondeur (548 mètres), ne coûterait que 200,000 fr., y compris l’épuisement des eaux pendant le travail, et produirait de bien autres avantages que ceux qu’on attend du forage effectué. Ce puits donnerait beaucoup plus d’eau qu’il n’en jaillit actuellement dans l’abattoir de Grenelle ; il permettrait d’arrêter, au fond même du trou, à l’aide de quelques dispositions fort simples, les matières qui troublent la pureté de cette source artificielle, et il rendrait en outre d’autres services qu’il serait trop long d’examiner ici. — Ces puits sont tout simplement les puits à large ouverture, les puits plus ou moins profonds des mines dans lesquelles d’énormes machines à vapeur font circuler à l’aise ces masses de richesses minérales que notre industrie va chercher dans le sein de la terre à une profondeur égale à celle du forage de Grenelle. Les renseignemens suivans justifieront cette assertion que bien des lecteurs prendront peut-être pour un paradoxe. Dans les houillères d’Anzin, situées sur la frontière belge de la France, un puits ne coûte que cent et quelques mille francs, bien qu’il faille, pour atteindre le charbon, traverser une nappe d’eau qui entraîne souvent de grands frais d’épuisement, et dont on ne peut empêcher l’écoulement direct dans le puits qu’en le revêtant, à la hauteur de cette nappe, de parois disposées avec beaucoup d’art, mais aussi fort coûteuses. En Belgique, où se voient des puits de 500 mètres, c’est encore une dépense de 100,000 francs pour atteindre à cette profondeur, c’est-à-dire de 200 francs par mètre.

On sait que ces puits de mines se revêtent le plus souvent en bois ou en briques. La brique est tout à la fois peu coûteuse et facile à employer ; elle résiste bien à la poussée des terres, surtout si elle a été faite dans des moules spéciaux qui lui donnent la forme de ce qu’on appelle des voussoirs, c’est-à-dire si elle va en s’élargissant de manière à former naturellement des cintres, des voûtes, par l’exacte juxta-position des matériaux. Dans certaines contrées de la France, le millier de briques ordinaires ne coûte que 8 francs. Mais, dira-t-on, vous mettez Paris sur la même ligne que des localités où la main-d’œuvre et les matériaux sont bien moins chers. Ces puits, établis pour 100,000 francs à Anzin, à Liége, coûteront ici le double au moins. Soit ; mais il est une cause de compensation : ces puits de mines ont tous une largeur énorme, 3 mètres et plus, dont nous n’aurions ici que faire. Réduisons cette largeur à la moitié, 1 mè-