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explication est fort plausible, et nous ne concevons pas qu’elle n’ait pas été indiquée dans le compte-rendu des séances de l’Académie. Ce silence ne saurait, évidemment, provenir de l’opposition qui existe entre cette manière de voir et celle du secrétaire perpétuel. D’autres explications du même phénomène ont été données, mais elles ont toutes leur côté faible, et nous les passerons sous silence.

De l’explication présentée par M. de Caligny résultait l’indication du moyen à employer pour prévenir un nouvel aplatissement du tube intérieur qu’on allait substituer à celui qu’on venait d’extraire. Il fallait donner à ce tube une épaisseur proportionnée à la pression qui pouvait le déformer encore une fois. L’ancien tube en cuivre ne pouvait résister qu’à dix atmosphères ; le nouveau pourra en supporter soixante-dix ; au lieu de cuivre, on emploiera le fer battu.

Nous avons dit qu’au-delà d’une certaine profondeur, les frais d’établissement du puits de Grenelle pourraient être supérieurs à ceux d’une machine hydraulique établie sur la Seine. M. Arago ayant soutenu, devant l’Institut, une opinion contraire, nous devons dire un mot de cette importante question d’économie publique.

Si l’illustre secrétaire de l’Académie des Sciences s’était borné à parler d’un puits foré avec intelligence, avec rapidité, avec des outils convenables, nous aurions hésité un moment, et nous en aurions appelé aux chiffres pour terminer notre incertitude ; mais c’est du puits de Grenelle que M. Arago a voulu parler. — Or, à combien reviendrait un établissement hydraulique installé convenablement sur la Seine ? Je ne parle pas des vieilles machines du pont Notre-Dame, mais de roues plongeant sous l’eau, et fonctionnant en toute saison, même sous la glace, comme les turbines, naguère tant préconisées. Que coûterait, dis-je, un établissement capable de fournir, comme le puits de Grenelle, 15 hectolitres d’eau par minute, à la hauteur de 27 mètres au-dessus du sol ? Environ 250,000 francs. Si l’on joint à ce chiffre le capital représentatif des réparations annuelles et de l’amortissement, on arrivera à la somme de 300,000 francs. On voit donc qu’il s’en faudrait de 200,000 francs que cette machine hydraulique fût aussi chère que le puits du conseil municipal. — Remarquons, en outre, que, placée au centre de Paris et plus haut que l’abattoir de Grenelle, cette machine demanderait moins de tuyaux de distribution pour répandre l’eau dans toute la ville.

Il est un système de puits bien plus économique encore, dans certains cas, que ceux dont nous avons parlé jusqu’ici, un système que M. Arago aurait pu opposer avec avantage à celui des machines