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PUITS ARTÉSIENS.

qui, avec le noyau central sur lequel reposent Paris, Orléans, Compiègne, etc., forme le sol même de la France, de sorte qu’en se dirigeant de Paris vers l’un des points de nos frontières, on trouve, les uns près les autres, ces bords des capsules, ces terrains qui, pour me servir du terme technique, affleurent à la surface du sol à une distance d’autant plus grande de Paris qu’ils remontent d’une plus grande profondeur. En d’autres termes, l’ordre dans lequel se présentent ces zones concentriques de terrains divers, à mesure qu’on s’éloigne du puits de Grenelle pour gagner les frontières, est celui dans lequel la sonde a dû les atteindre successivement.

Si nous cherchons en particulier la zone des sables verts à la surface de la France, nous la trouverons avec les argiles, au-delà des terrains de craie, et, en particulier, un peu plus loin que la Champagne pouilleuse. À Lusigny, par exemple, au-dessus de Troyes, on rencontre un sol formé de ces sables.

Il est manifeste que les eaux qui, par les pluies et les ruisseaux, sont amenées sur ce terrain poreux, s’y infiltrent tout aussitôt et descendent ainsi jusqu’au fond de la capsule que forme cette couche de sable. Si vous forez un puits à Paris, vous atteindrez nécessairement ces eaux ; il ne reste donc plus qu’à montrer comment on a pu reconnaître à priori, même avant tout sondage, la hauteur à laquelle les eaux devaient jaillir à travers le trou de sonde.

Que les eaux pussent jaillir au-dessus du sol de l’abattoir de Grenelle, c’est là ce qu’on devait espérer, puisque les mesures prises par les géographes nous apprennent que la couche des sables vient affleurer en des points plus élevés que Paris, à Lusigny, par exemple ; mais, s’il s’agissait de déterminer à priori la hauteur maximum que pourrait atteindre le jet, la difficulté restait à peu près insurmontable. Il ne suffit pas, en effet, pour calculer à l’avance la hauteur à laquelle pourront s’élever des eaux empruntées à une nappe souterraine, de tenir compte de l’attraction de la terre sur ces eaux ; il faudra encore savoir estimer l’attraction particulière qu’exercent sur ces eaux les montagnes, les plateaux plus ou moins élevés d’où elles descendent, les masses continentales qu’elles traversent ; il faudra même, pour les lieux situés dans le voisinage des mers, apprécier l’influence des marées, car le flot qui s’élève apporte aussi sa puissance attractive, faible, il est vrai, dans le phénomène.

En appliquant ces principes à la question spéciale du puits de Grenelle, nous dirons que personne n’a pu donner à l’avance, d’une manière précise, le chiffre de l’élévation maximum que peuvent