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L’ARCHIPEL
DE CHAUSEY.

SOUVENIRS D’UN NATURALISTE.

J’avais passé le printemps de 1841 à étudier les animaux inférieurs qu’on trouve aux environs de Paris. Les étangs de Plessis-Piquet et de Meudon, les mares de Vincennes et de la Glacière, les bassins de Versailles, et jusqu’aux fossés de nos grandes routes, avaient été explorés. Ma table était couverte de vases contenant les eaux rapportées de ces excursions : les plantes aquatiques que j’avais eu soin d’y laisser développaient au dehors une végétation des plus actives, tandis qu’au milieu des filamens déliés de leurs racines se jouaient ces mille petits êtres dont le microscope nous révèle l’existence et la merveilleuse organisation. C’était le rotifère, dont le corps, composé d’anneaux rentrant les uns dans les autres, comme les tubes d’une lunette, porte en avant deux espèces de roues ; être singulier, qui ne peut vivre que dans l’eau et habite pourtant les mousses de nos toits, qui meurt chaque fois que le soleil dessèche sa retraite,