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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 avril 1842.


La chambre des communes vient d’assister à un beau combat. Sir Robert Peel a eu à soutenir de rudes attaques au sujet de l’income-taxe. Lord John Russell, avec sa logique amère et pressante, a essayé de démontrer que rien, dans les circonstances de l’Angleterre, n’autorisait l’emploi d’une mesure aussi violente et aussi extraordinaire que l’impôt nécessairement inquisitorial et vexatoire du revenu ; M. Sheil, en développant ensuite la même thèse avec sa parole véhémente et splendide, paraît avoir soulevé un véritable orage dans la chambre, et amené une de ces situations décisives où il faut terrasser sur l’heure son adversaire ou périr. Sir Robert Peel, loin de faiblir sous l’attaque, l’a repoussée avec une verve, une impétuosité qui ne lui est pas ordinaire ; oubliant cette réserve un peu cérémonieuse qui donne souvent à ses discours un air compassé et froid, il s’est élancé sur l’opposition, il l’a prise corps à corps, et n’a rien ménagé. — Vous me reprochez, leur a-t-il dit, d’exagérer à dessein les embarras de nos finances ; rien ne me fera dissimuler ici la véritable situation du pays. En 1836, après l’avènement du cabinet de lord Melbourne, vous avez trouvé un excédant des recettes sur les dépenses de 3,000,000 de livres sterling, 1,376,000 pour le budget de l’Angleterre, 1,556,000 pour celui de l’Inde. Voilà ce qu’on vous avait laissé. — Et alors, empruntant à Napoléon sa célèbre et terrible apostrophe : « Qu’en avez-vous fait ? » s’est-il écrié. Ai-je donc exagéré nos embarras ? Quoi ! vous avez trouvé un excédant annuel de 3,000,000, vous nous laissez un déficit annuel de 5,000,000 ; vous avez aussi amené par votre administration, à la charge du pays, au préjudice de notre crédit, une différence de 8,000,000 sterling, et vous osez taxer d’exagération mes paroles ! Mais, dites-vous, nul besoin après tout de mesures extraordinaires ; l’Angleterre n’est pas dans les circon-