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HISTOIRE LITTÉRAIRE.

importans. Heureusement quelques explorations dirigées sur des points déterminés, d’après les instructions données par le ministre de l’instruction publique, firent bientôt connaître combien cette mine était féconde, et décidèrent M. Villemain à entreprendre la publication d’un catalogue général de tous les manuscrits des départemens. À cet effet, il présenta à la signature du roi une ordonnance précédée d’un rapport destiné à faire connaître l’utilité d’une telle publication. L’exécution de cette entreprise a été confiée à une commission composée de MM. Leclerc, président, Hase, Reinaud, Danton et Ravaisson, et d’un secrétaire chargé de surveiller l’impression. Les noms que nous venons de citer sont une garantie suffisante du soin avec lequel une telle entreprise sera conduite et de l’importance que le gouvernement attache à cette publication. Formée au mois de septembre, la commission a immédiatement commencé ses travaux. Des instructions ont été rédigées, différentes personnes ont été envoyées dans les départemens : les bibliothèques, l’École des Chartes et l’Université ont fourni des collaborateurs zélés et intelligens, et les travaux ont été poursuivis avec tant d’activité, que déjà l’on s’occupe de l’impression du premier volume, et que d’autres matériaux sont préparés.

Cette utile entreprise a eu dès l’origine un double but : la conservation et la connaissance des manuscrits ; la conservation, car, dès que tous les manuscrits auront été décrits et catalogués avec soin, on pourra toujours exercer un contrôle sévère et une surveillance active sur les bibliothèques des départemens, et il ne sera plus possible de distraire des manuscrits connus du gouvernement et sur lesquels l’attention sera éveillée à l’étranger comme en France ; la connaissance des manuscrits, car jusqu’ici on ne les connaissait pas du tout. À cet égard, les premières recherches ont dépassé toutes les espérances, et il se trouve qu’un catalogue entrepris surtout dans un but d’érudition, deviendra un monument patriotique, et que l’on pourra montrer avec orgueil aux étrangers cet inventaire des richesses littéraires de la France. Un des membres de la commission, qui venait de visiter différens départemens, terminait ainsi le rapport qu’à son retour il a dû adresser à M. Villemain :

« Nous ne craignons pas d’avancer qu’en prenant au hasard, dans un état quelconque de l’Europe, dix-huit villes de province, on n’y trouverait pas la moitié des richesses bibliographiques et littéraires que nous avons rencontrées dans les dix-huit bibliothèques que nous