Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 30.djvu/258

Cette page a été validée par deux contributeurs.
252
REVUE DES DEUX MONDES.

en effet, un joli thème de pose et d’expression. M. Jacquot l’a développé avec art. Le mouvement de sa figure est juste ; il y a de l’agrément dans la pose. Nulles qualités supérieures d’ailleurs ; les mains croisées sur la poitrine sont effilées à l’excès. Ce n’est plus là de la délicatesse, c’est de la maigreur. La Nymphe endormie de M. Klagmann est une étude de la nature choisie avec intelligence et imitée avec goût. Les contours en sont harmonieux, le modelé est traité avec soin, sans pédantisme. La Nymphe caressant un Amour, de M. Molchneth, mérite des observations analogues. Cet artiste caresse bien son marbre, et peut-être trop, car le moelleux de son ciseau va quelquefois jusqu’à l’afféterie. La figure du beau bâtard Dunois, par M. Duret, est d’un jet qui ne manque ni de fierté ni de tournure ; mais il faut espérer que, dans la traduction définitive en marbre de son plâtre, l’artiste mettra plus de fini dans son exécution.

La figure assise de M. Husson, Jeune Napolitaine apprenant la prière à son enfant, semble dérobée à quelque peinture de Pompeï ; sa pose et son mouvement sont tout-à-fait grecs. C’est une donnée heureuse.

M. Ramus s’est souvenu de Donatello en modelant son petit Saint Jean-Baptiste, mais ce n’est qu’un souvenir, et non un emprunt. Cette figure est d’une exécution délicate et d’un goût piquant. M. J. Debay a traité le même sujet. Sa figure est faiblement conçue, négligemment étudiée, d’un caractère banal, et au-dessous du talent de cet artiste recommandable.

Dans la statue en marbre de Laurent de Jussieu, par M. Legendre-Heral, nous ne trouvons que de la grosse pratique. Tout est exécuté de la même manière. C’est ce qu’on appelle en peinture du poncif. Si la statue assise et grande comme nature de la reine, par M. Cumberworth, était réduite aux proportions d’une figurine d’un pied de hauteur, on pourrait louer le travail adroit et minutieux des détails du costume et des accessoires.

M. Gayrard a donné un essai intéressant de sculpture sur bois dans un grand bas-relief représentant Saint Germain qui prophétise les destinées de sainte Geneviève. La sculpture sur bois, s’il faut en juger par ce spécimen, n’est pas d’un bon effet quand elle est neuve. Il faut que le vernis du temps passe dessus pour lui ôter un certain ton de menuiserie qui n’est pas agréable. Il nous semble aussi que l’emploi du bois doit entraîner quelques modifications dans la manière d’exécuter les nus, les draperies, et dans la combinaison des lignes et des plans. M. Gayrard a composé et exécuté son bas-relief abso-