superficiel. Son Abordage, quoique plein de vie et d’action, en dépit des morts et des mourans, malgré l’aspect de ces gouffres mouvans ouverts sous le champ de bataille, ne fait pas cependant beaucoup de peur. On dirait que l’affaire n’est pas sérieuse, et que ce n’est qu’un combat pour rire. Telle est du moins l’impression. Le Bombardement de Tripoli est un véritable feu d’artifice. Sa Vue de la côte de Carthagène est d’un effet de meilleur aloi : la mer s’y déroule bien avec sa majestueuse monotonie. C’est celle de ses marines que nous préférerions.
L’Embarquement du cercueil de Napoléon sur la Belle-Poule, de M. Eug. Isabey, est une scène historique plutôt qu’une marine. L’effet en est grave, solennel et religieux. Le corps de la frégate et tous les accessoires sont exécutés avec beaucoup de science et de vigueur. La Vue de Dieppe, du même artiste, n’est pas aussi satisfaisante, quoique peinte avec facilité et hardiesse. La meilleure partie est la mer, dont la surface, fouettée par un fort vent, commence à moutonner ; les vagues blanchissent au loin et scintillent à leur cime. Cet aspect si fréquent de la mer est admirablement saisi. Le ciel est moins bien réussi. On dirait que l’artiste, ne pouvant venir à bout de donner à ses nuages le sentiment qu’il cherchait, s’est décidé à les tourmenter au hasard, laissant au caprice de sa brosse la responsabilité du résultat. Les derniers plans ont la même valeur de ton que les seconds, et les seconds que les premiers. En somme pourtant, l’effet général de cette vue est très piquant, et tel qu’on pouvait l’attendre d’une main si habile.
Après ces deux maîtres vient la foule, assez clair semée, il est vrai, dont on peut tirer quelques noms. La grande marine de Y. Louis Mayer, les Bateaux pêcheurs normands, a quelques belles parties dans les eaux comme imitation ; mais sa manière, un peu trop mêlée de celles de MM. Gudin et Mozin, n’a rien d’original. Dans son Incendie en mer, les flammes et la fumée sont traitées comme les vagues ; elles ont absolument la même forme, le même mouvement, le même ton. MM. Lepoittevin et Mozin ont fait plutôt des paysages maritimes que des marines. On n’a rien de nouveau à apprendre sur ces talens estimables. M. Morel Fatio a peint une mer incompréhensible dans son Combat d’Algésiras. Il se peut qu’elle soit vraie, mais elle n’est pas vraisemblable, et encore moins agréable. On préférera son Port d’Amsterdam, fin et doux de ton, et intéressant d’ailleurs comme description historique. La Vue des environs de Marseille, par M. Barry, et la Pêche dans le golfe de Nice, de M. Émeric, méritent