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Toujours le même sujet, on le voit, ce même fond renaissant qui présente, a dit Moncrif, certaines délicatesses, certaines simplicités, certaines contradictions, dont le cœur humain abonde. Le détail seul, à y regarder de très près, diffère, et l’ingénieux s’y retrouve pour qui s’y complaît[1].

Vauquelin de La Fresnaye, en plus d’une épigramme ou d’une idylle, contribuerait aussi pour sa part au léger butin, si on le voulait complet[2]. C’est lui qui donne cette exacte et jolie définition de

  1. Olivier de Magny, que nous citions tout à l’heure, avait dit, déjà assez gentiment, dans une ode à s’amie, selon une idée analogue de métamorphose amoureuse :

    Quand je te vois au matin
    Amasser en ce jardin
    Les fleurs que l’aube nous donne,
    Pour t’en faire une coronne,
    Je désire aussi soudain
    Être, en forme d’une abeille,
    Dans quelque rose vermeille
    Qui doit choir dedans ta main.

    Car tout coi je me tiendrais
    (Alors que tu t’en viendrois
    La cueillir sur les épines)
    Entre ses feuilles pourprines,
    Sans murmurer nullement,
    Ne battre l’une ou l’autre aile,
    De peur qu’une emprise telle
    Finît au commencement.

    Puis, quand je me sentirois
    En ta main, je sortirois,
    Et m’en irois prendre place,
    Sans te poindre, sur ta face ;
    Et là, baisant mille fleurs
    Qui sont autour de ta bouche,
    Imiterois cette mouche
    Y suçant mille senteurs.

    Et si lors tu te fâchois,
    Me chassant de tes beaux doigts,
    Je m’en irois aussi vite
    Pour ne te voir plus dépite ;
    Mais premier, autour de toi,
    Je dirois, d’un doux murmure,
    Ce que pour t’aimer j’endure
    Et de peines et d’émoi.

  2. Les Mémoires, de la Société académique de Falaise (1841) contiennent une