Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/946

Cette page a été validée par deux contributeurs.



JUGEMENS
LITTÉRAIRES,
PENSÉES ET CORRESPONDANCE.

C’est en 1838 que le nom de M. Joubert commença pour la première fois à transpirer dans le public, et encore seulement dans un public très limité. M. de Châteaubriand, par l’heureux choix qu’il donna des Pensées de son ami, par les belles pages où il contresigna et consacra comme d’un sceau sa mémoire, appela aussitôt l’attention sur cet esprit si distingué qui avait passé sans presque qu’on le connût, et il en raviva la trace lumineuse. Mais l’édition des Pensées, tirée à un très petit nombre d’exemplaires, n’était pas destinée au public, et la plupart des amateurs, affriandés par quelques citations, durent en rester sur leur désir. Aujourd’hui, après trois longues années qui n’ont pas été stériles, les Pensées de M. Joubert, considérablement augmentées, et ne formant pas moins de deux volumes, vont enfin, et pour la première fois, entrer dans la publicité. Son neveu, M. Paul Raynal, n’a négligé aucun soin pour retrouver et coordonner de nouveaux papiers, ainsi que les lettres dispersées de l’écrivain éminent et sobre dont il se fait l’éditeur ; il l’apprécie lui-même dans une notice étendue, où la piété ne fait que donner une garantie de plus à l’exactitude. Nous sommes assez heureux aujourd’hui pour devancer encore le public, et pour lui offrir les prémices de quelques chapitres qui, par le fond comme par l’expression, le remettront en goût de désirer et de savourer le reste. Nous avons pris, pour composer ce choix, une suite d’ex-