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sions, opinions, documens, précédens relatifs aux attributions des chambres législatives, à leur composition et au mode d’exercice de leurs pouvoirs. Il doit paraître un volume par session législative. Les trois premières livraisons du tome premier viennent de paraître, et peuvent donner une idée du but que s’est proposé l’auteur et du plan qu’il a embrassé. Ces livraisons comprennent les réglemens des deux chambres, la loi du 19 avril 1831, sur les élections, la jurisprudence de la chambre des pairs sur les promotions, et celle de la chambre des députés sur les vérifications de pouvoirs.

Un simple coup d’œil jeté sur la portion relative à la vérification des pouvoirs, par exemple, suffit pour faire sentir sur-le-champ toute l’utilité du travail de M. Grün. Là viennent successivement se présenter toutes les questions qui ont été soulevées depuis 1830 (car M. Grün ne remonte pas plus haut que cette époque qui est la véritable ère de l’avénement du gouvernement représentatif en France), sur les formes de l’élection des députés et sur les conditions d’éligibilité. Tous les précédens sont classés avec soin et rassemblés sous des titres communs qui ne sont autre chose que les questions elles-mêmes. En un instant on peut avoir sous les yeux toutes les décisions prises par la chambre sur chaque difficulté de détail, qu’elle soit relative à l’âge ou au cens, à la désignation des candidats ou à la manière de compter les votes, à la tenue des assemblées électorales ou à la rédaction des procès-verbaux, etc.

M. Alphonse Grün était mieux placé que personne pour entreprendre un pareil relevé. En sa qualité de rédacteur en chef du Moniteur universel, il est en communication constante avec les deux chambres, et, comme tel, leur arrêtiste et leur commentateur naturel. Publiciste et jurisconsulte à la fois, il est connu par sa collaboration à plusieurs journaux politiques, en même temps que par des travaux estimés sur notre droit civil. Il a été long-temps un des plus actifs collaborateurs de M. Dalloz pour son grand ouvrage de jurisprudence. Il a donc fait doublement ses preuves dans le passé, et pour le présent il est dans une situation unique pour réaliser de la manière la plus complète ce qu’il entreprend. Les chambres ne peuvent que s’applaudir de voir en de si bonnes mains le soin de fixer leur jurisprudence ; elles sont sûres à la fois de la sagacité du commentateur et de la patience laborieuse de l’arrêtiste.

À mesure que M. Grün avancera dans son œuvre, la valeur d’un semblable dépouillement, si elle pouvait encore être contestée, éclatera de plus en plus. Après ce qui est relatif aux formes de l’élection et à la capacité des élus viendront les questions de règlement proprement dites, les principes de toute bonne délibération. « L’histoire des cinquante années qui viennent de s’écouler, dit avec raison M. Grün, atteste combien nos corps politiques ont dû de fautes et d’erreurs à leur inexpérience des procédés de la délibération, à l’insuffisance ou aux lacunes de leurs règlemens, combien souvent les mauvaises combinaisons réglementaires ont arrêté des idées utiles, retardé des