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Le 27 août, M. Elliot annonça qu’en l’absence de tout agent militaire porteur d’une commission de sa majesté, et en conséquence de la situation critique dans laquelle se trouvaient les sujets de sa majesté britannique en Chine, hommes, femmes et enfans et aussi afin de prendre les précautions nécessaires pour empêcher que la flotte marchande, à Hong-kong, ne fût surprise par les Chinois, il assumait sur lui la surintendance militaire et la surintendance civile.

À cette époque, il n’y avait pas un seul navire de guerre anglais dans les eaux de la rivière de Canton. Cela paraît incroyable quand on songe que cette situation durait depuis huit mois, et que le gouvernement du Bengale aurait eu plus que le temps nécessaire pour envoyer quelques-uns des bâtimens qu’il avait sous ses ordres au secours de ses compatriotes. Du reste, on trouvera, dans la suite de ces tristes évènemens, plus d’un exemple de l’indifférence coupable ou du moins de l’incroyable négligence qui a présidé à toutes les mesures prises par le gouvernement général de l’Inde dans cette affaire, dont les résultats actuels et futurs devaient cependant avoir pour l’Angleterre et pour l’Inde anglaise une si grande importance.

Le capitaine Douglas, du navire de commerce le Cambridge, qui avait eu la patriotique précaution d’armer son navire en guerre à Singapour, se mit avec empressement à la disposition de M. Elliot, et jusqu’à l’arrivée de la corvette la Volage, on ne peut nier qu’il n’ait rendu de grands services à la communauté. Le dévouement du capitaine Douglas a été récompensé dernièrement par le gouvernement anglais, la reine l’a fait chevalier.

Cependant les provisions qu’on avait transportées à bord des navires s’épuisaient ; la disette et les maladies qu’elle traîne avec elle commençaient à se faire sentir. C’était sur le territoire chinois seulement qu’on pouvait trouver les secours nécessaires, et M. Elliot se décida à employer la force pour se les procurer, si la prière était inutile. Le 4 septembre, M. Elliot et le capitaine Smith, de la corvette la Volage, qui venait d’arriver, se rendirent dans le cutter la Louise, accompagné de la goélette la Perle et de quelques embarcations du Cambridge, au village de Kowloon, afin de s’y procurer des provisions. Les propositions amicales du capitaine Elliot furent repoussées, et il fut obligé d’attaquer les jonques de guerre qui étaient à l’ancre près du village. L’affaire devint bientôt très vive, et la Volage fut obligée de venir au secours de la petite flottille, qui avait épuisé ses munitions. Le résultat de ce combat fut tout-à-fait nul. Le but qu’on se proposait ne fut pas atteint, et les autorités chinoises apportèrent plus de vigueur que jamais à l’exécution des décrets qui défendaient de porter des provisions à bord des bâtiment anglais.

Le 15 septembre, un brick espagnol, le Bilbaino, à l’ancre dans la rade extérieure de Macao, fut brûlé par les Chinois, sous prétexte qu’il était anglais, et qu’il avait de l’opium à bord. Cet attentat éveilla la susceptibilité des autorités portugaises, qui, dès ce montent, firent garder le port de Macao par des bateaux armés. Le gouvernement de Manille, aussitôt qu’il eut connais-