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REVUE DES DEUX MONDES.

« Donné, sous notre signature et notre sceau officiel, à Canton, en Chine, le vingt-septième jour de mars 1839, à six heures du matin.

« L. S. — Signé, Charles Elliot,
« Surintendant en chef du commerce et des sujets anglais en Chine,
« Pour copie conforme,
Edward Elmslie,
« Secrétaire et trésorier de la surintendance. »


Je ne pousserai pas plus loin cet examen des documens publiés de part et d’autre pendant les quelques jours qui s’écoulèrent entre l’arrivée de Lin et la livraison entre ses mains des 20,283 caisses d’opium. La circulaire du capitaine Elliot exprime l’opinion d’un seul homme. Nous aurons à discuter jusqu’à quel point le gouvernement anglais peut être engagé par l’acte de son agent.

On a beaucoup blâmé M. Elliot, en Chine et en Angleterre, d’avoir cédé aux exigences du commissaire impérial, tandis que d’autres personnes ont approuvé sa conduite. Probablement, une fois le danger passé, et surtout quand la décision du gouvernement anglais de ne pas faire payer au trésor les traites émises par son représentant fut connue, on se livra à plus d’une réflexion qui, le 27 mars, eût paru tout-à-fait intempestive. Peut-être y a-t-il eu panique, mais il faut avouer que rarement une panique a été plus justifiable.

Le 29 mars, avant la livraison de l’opium et quand les pourparlers continuaient encore, Lin, en réponse à une adresse de M. Elliot, dans laquelle celui-ci se plaignait de son emprisonnement et de celui des étrangers, semble vouloir se justifier de cette mesure.

« Cette pétition, dit-il, parle d’une vigilance sévère comme d’un véritable emprisonnement, ce qui est encore plus risible. Je trouve que, depuis le 18 mars, jour auquel mes ordres furent donnés aux étrangers, jusqu’au 24, époque à laquelle vous êtes venu à Canton dans un bateau, et, cette même nuit, avez tenté d’enlever Dent et de vous cacher avec lui, chaque chose est restée comme à l’ordinaire. Ce ne fut qu’après votre arrivée que des croiseurs stationnèrent pour examiner et observer tous ceux qui entraient et sortaient. Quant aux compradores (majordomes), ils sont, de fait, des Chinois traîtres, qui vous auraient suggéré les moyens de vous cacher et de fuir. Pouvait-on s’abstenir de vous les enlever ? Et hier, quand vous m’avez déclaré quel est le montant de l’opium, je vous ai accordé une récompense consistant en divers articles de nourriture. Est-ce ainsi qu’on traite jamais des prisonniers ? »

Lin montra, pendant tout le temps que dura cette transaction, une énergie, une fermeté qui eussent fait honneur à un administrateur européen. En vain plusieurs étrangers réclamèrent-ils leur liberté en représentant qu’ils