Je vous ai dit, monsieur, dans ma première lettre, quelle est mon opinion sur la portée morale et politique de la guerre anglo-chinoise. J’entrerai aujourd’hui dans quelques détails sur les évènemens qui se sont passés depuis le commencement de la crise. Quelques-uns de ces détails vous ont été donnés par les journaux ; mais, en revenant sur des faits déjà connus, j’ai pris soin de les coordonner, de les rassembler dans une narration rapide.
Le 10 mars 1839, le commissaire impérial Lin arriva à Canton. Avant même de se rendre dans cette ville, il avait donné l’ordre d’arrêter un certain nombre d’officiers, de soldats et d’agens de police. Il voulait dès-lors faire pressentir quelle serait la ligne de conduite qu’il se proposait de suivre. Peu après son arrivée, les hanistes demandaient aux étrangers un état de leurs armes offensives et défensives. Le 18 mars parut la première proclamation de Lin ; elle était telle qu’elle dut alarmer singulièrement la population étrangère de Canton : c’était la première fois que la menace était aussi directe et aussi formelle. On sentit que le gouvernement chinois abandonnait à la fin son système de temporisation et de dédaigneuse bonté. Dans cette procla-