Comme un saint talisman que l’aîné portait seul,
Mon nom me faisait son filleul.
Enfant, j’errai longtemps aux féeriques royaumes,
M’enivrant de couleurs, d’arômes :
Hélas ! je suis encore un chasseur de fantômes !
Oh ! le caprice est mon vainqueur ;
Sujet d’un bon Génie ou d’un Esprit moqueur,
Je cède aux rêves de mon cœur.
Regardez ! regardez ! docte magicienne,
Sur la vague sicilienne,
La fée a commencé son œuvre aérienne.
Ah ! voyez sous les doigts divins
S’entasser les côteaux sillonnés de ravins…
J’entends frissonner les sapins !
L’amour grossier des champs, ô pâtre, te fascine !
Œuvre de Morgane ou d’Alcine,
Cet amas de châteaux splendides, c’est Messine.
Moi, je vous dis : c’est Bod-cador !
Val qu’Arthur remplissait des appels de son cor,
Où dans la nuit il chasse encor.
C’est la tour de Léon, c’est un pic de Cornouailles,
Elven couronné de broussailles :
Mon cœur, voici Carnac, le champ des funérailles !
Ô bonne fée, à mon retour