Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/823

Cette page a été validée par deux contributeurs.
813
FÉERIES.

Comme un saint talisman que l’aîné portait seul,
Mon nom me faisait son filleul.

Enfant, j’errai longtemps aux féeriques royaumes,
M’enivrant de couleurs, d’arômes :
Hélas ! je suis encore un chasseur de fantômes !

Oh ! le caprice est mon vainqueur ;
Sujet d’un bon Génie ou d’un Esprit moqueur,
Je cède aux rêves de mon cœur.

LE PÂTRE.

Regardez ! regardez ! docte magicienne,
Sur la vague sicilienne,
La fée a commencé son œuvre aérienne.

Ah ! voyez sous les doigts divins
S’entasser les côteaux sillonnés de ravins…
J’entends frissonner les sapins !

UN ARTISTE.

L’amour grossier des champs, ô pâtre, te fascine !
Œuvre de Morgane ou d’Alcine,
Cet amas de châteaux splendides, c’est Messine.

LE VOYAGEUR.

Moi, je vous dis : c’est Bod-cador !
Val qu’Arthur remplissait des appels de son cor,
Où dans la nuit il chasse encor.

C’est la tour de Léon, c’est un pic de Cornouailles,
Elven couronné de broussailles :
Mon cœur, voici Carnac, le champ des funérailles !

Ô bonne fée, à mon retour