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LA MONARCHIE AUTRICHIENNE.

Il est naturel ici de s’entretenir de la royauté. L’atmosphère qu’on respire est royaliste. Quand les nobles Hongrois s’écrièrent, à l’aspect de Marie-Thérèse : Moriamur pro rege nostro, ils exprimèrent un sentiment qui est au fond du cœur de tous les sujets allemands de l’empire d’Autriche. C’est ainsi qu’ils entendent le patriotisme, c’est ainsi qu’ils le définissent. Il y a quelques jours, pendant que j’étais à Carlsbad, l’archiduc François-Charles, héritier du trône, y passa quarante-huit heures. Mon hôtesse, me demandant la permission d’illuminer ma fenêtre, me dit ingénuement : « Toute la ville sera illuminée ce soir en l’honneur du prince, » et elle ajouta, avec une expression de bonheur : « C’est du patriotisme. » À propos des fêtes données à l’archiduc, ce mot de patriotisme me revint trois ou quatre fois. J’en fus surpris d’abord. C’est, en effet, étrange pour un Français ; la notion que nous nous sommes faite du patriotisme depuis cinquante ans, est toute au rebours de celle-là. Chez nous le patriote à trente-six carats tient le gouvernement pour un ulcère et le roi pour un ennemi naturel. Il répète volontiers le mot de Grégoire, que l’histoire des rois est le martyrologe des nations. Un hommage rendu à la royauté est réputé une bassesse. Tous tant que nous sommes en France, nous partageons jusqu’à un certain point ces idées. Nos voisins du midi, qui sont entrés à notre suite dans la lice de la politique moderne, les Espagnols, nos élèves, qui ont l’air de vouloir en cela devenir nos maîtres, qualifient expressément de serviles les partisans du pouvoir royal. C’est que nous avons cessé d’être monarchiques. Je n’examine pas si c’est une transformation passagère ou une métamorphose définitive ; je me borne à constater le fait. Les Autrichiens, au contraire, sont restés monarchiques jusqu’à la moelle des os.

Dans les sociétés profondément monarchiques, la grammaire politique sanctionne le sens donné au mot patriotisme par les habitans de Carlsbad. L’amour du souverain se confond alors avec l’amour de la patrie. Le prince est la patrie personnifiée. Le prince représentant la patrie, l’amour du prince est une vertu. Chaque système de gouvernement a ses conventions. Le gouvernement véritablement monarchique repose sur celle-ci, que le prince est l’image vivante de la patrie. À ce titre, ses droits sont étendus, mais ses devoirs sont im-.

    furent les inventeurs du caractère cyrillien, qu’ils avaient trouvé l’alphabet glagolite usité parmi leurs catéchumènes, et qu’ils le transformèrent en y ajoutant des caractères imités du grec.