comme chez les Autrichiens, il faut qu’à la suite ou à côté de l’enseignement classique, il y ait des institutions qui préparent les citoyens aux professions industrielles. Tous les jeunes gens apprendront le grec et le latin, si tels sont leur inclination et le bon plaisir de leurs familles ; mais en même temps ou ensuite ils se muniront aussi de connaissances positives qui les rendent propres à la pratique des arts utiles. L’admission dans les professions libérales, telles que le barreau, la médecine et les fonctions administratives, devra être entourée de formalités et de conditions telles qu’il ne puisse s’y présenter plus de novices qu’il n’y a de vacances, en tenant compte des besoins progressivement croissans de la société. Mais il faudra éviter de susciter des difficultés d’argent, et on devra tenir plus de compte de l’aptitude des fils et de leurs connaissances acquises que de la fortune des pères. Au surplus c’est ce qui se pratique scrupuleusement dans quelques états allemands et notamment en Prusse.
Il n’y a pas de désordre plus grand que celui qu’offre un pays où, à côté d’un nombre infini de cases vides dans l’échiquier social, il y a une cohue de personnes déclassées ou non classées. C’est une cause de perturbation toujours renaissante, une source inépuisable de souffrances privées et de malheurs publics. Il faut, à tout prix, que l’instruction publique convie la jeunesse en masse et en détail vers des régions où chacun trouvera un gîte, qu’elle prépare un homme pour chacune des nécessités de la société. La raison d’état le veut, le bon sens le conseille, l’intérêt bien entendu de tous et de chacun en fait une loi. Tel est le but que le gouvernement autrichien a voulu atteindre et auquel il est parvenu. Tel est celui que nous devons nous prescrire en France, sauf à adopter à cet effet les moyens les mieux appropriés à notre tempérament national et à nos conditions sociales.
À l’égard de la partie négative de ce programme, celle qui consiste à restreindre le nombre des aspirans aux professions libérales en réclamant d’eux de nouvelles garanties de capacité, nous avons fait des essais qui ont été heureux, particulièrement pour la médecine. Le baccalauréat ès-lettres a été exigé des étudians en médecine pour qu’ils fussent aptes à prendre la première inscription, le baccalauréat ès-sciences pour la cinquième. Les examens ont été rendus plus sévères. Le savant doyen de la faculté de médecine de Paris, M. Orfila, après avoir provoqué ces sages mesures, en a d’une main ferme et habile dirigé l’exécution, et l’entreprise a