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ce système, l’alimentation publique est mal pourvue à quelques égards[1].

Certainement l’une des plus heureuses conséquences de la révolution française a été de rendre les ouvriers des campagnes propriétaires d’une grande partie du sol. Les franchises nationales tendent ainsi à se fonder sur la base solide de l’aisance, et la liberté par là fait cause commune avec l’ordre. Cependant il ne faut pas que le résultat de l’émancipation soit d’attacher matériellement les cultivateurs à la glèbe, et que le progrès de l’indépendance individuelle tourne au détriment de la civilisation ; or, c’est ce qui arriverait si la constitution de l’agriculture condamnait l’homme à effectuer de ses bras les travaux pénibles dont il était parvenu à se décharger sur le bétail ou sur les machines. Le paysan deviendrait ainsi une bête de somme. Il ne faut pas non plus que la société, sous prétexte de progrès, manque des denrées qui sont le plus indispensables à l’hygiène publique. Au surplus, le principe d’association permet de combiner la division de la propriété avec l’emploi des moyens de culture les plus puissans, les plus féconds et les plus libéraux, je veux dire les plus propres à soustraire l’homme à l’oppression de la matière, oppression qu’il subit toutes les fois qu’il accomplit des ouvrages de force.

Autre exemple : Rien ne mérite l’attention du pouvoir plus que l’instruction publique. C’est elle qui façonne les citoyens à la vie active. Un gouvernement qui ne la surveille pas de près, qui ne

    d’un avertissement du percepteur des contributions. Une parcelle taxée à 5 centimes vaut 15 à 20 francs. Or, dans l’état actuel des choses, pour opérer la purge, même incomplète, qui peut s’effectuer sous notre régime hypothécaire, les frais s’élèvent à 80 francs environ ; de sorte que, pour s’assurer, même imparfaitement, la propriété d’une de ces parcelles, il faut encourir accessoirement une dépense quadruple de ce qu’elle vaut. Ceci explique pourquoi il se reconstitue si peu, je ne dis pas de grandes, mais de moyennes propriétés, d’une dimension suffisante pour que l’on y applique les bonnes méthodes agricoles.

    D’après un travail inséré dans la Revue des Deux Mondes du 1er novembre 1836, sur l’état de la propriété en France, M. Léon Faucher a cité la commune d’Argenteuil, près de Paris, où il existe des parcelles de la contenance d’un demi-are, d’un quart d’are (2 mètres 50 centimètres sur 10 mètres), c’est-à-dire de la grandeur d’une chambre, et dont le revenu est de 9 centimes, 6 centimes, 5 centimes, ce qui suppose un impôt d’un centime. On voit souvent, sur les affiches de vente, autour de Paris et dans les départemens, des parcelles dont la mise à prix est de 6 fr., 8 fr., 10 fr., et les frais indispensables, pour que l’acquisition soit régulière, sont de 110 fr. environ, y compris, je le répète, 80 fr. de purge hypothécaire.

  1. Notamment à l’égard de la viande.