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DU MAGNÉTISME ANIMAL.

chemin et sans hésitation, à leur ancien domicile ; les songes si pleins de mystères, les présages, les pressentimens si souvent vérifiés des malades, et ces appétits bizarres subitement développés, et dont la satisfaction immédiate a produit tant de fois des guérisons inespérées. Quant à l’impressionabilité extrême du somnambule pour tout ce qui vient de son magnétiseur, sa soumission volontaire et comme irrésistible à ses ordres, à ses simples désirs, l’exquise délicatesse de sens qui lui fait trouver une saveur à l’eau magnétisée, et distinguer par le tact un corps magnétisé de celui qui ne l’est pas : toutes ces choses ont des points de contact avec les effets des passions en général, avec la domination morale qu’un caractère fort et un esprit supérieur exercent sur une ame plus faible, avec ces impulsions spontanées de sympathie ou d’antipathie qui, parmi les hommes, déterminent l’amour et la haine, avec la sagacité spéciale du chien pour tout ce qui concerne la personne de son maître, et l’inconcevable finesse d’odorat qui lui fait retrouver au fond de l’eau, parmi un grand nombre de cailloux jetés en même temps, celui qu’a touché et lancé son maître.

Enfin l’histoire est encore ici le champ le plus riche. Les magnétistes trouvent déjà le somnambulisme dans les temples de l’Égypte, de l’Inde, de la Grèce. Selon eux, les prophètes, les inspirés, les phythonisses, les sibylles, les miraculés de tous les temps, de toutes les religions, les possédés, les extatiques, les énergumènes, les convulsionnaires, les visionnaires, les trembleurs, les voyans, les devineresses, etc., étaient des somnambules plus ou moins caractérisés.

Parmi tous ces exemples analogiques tirés de sources si différentes, il en est quelques-uns d’une grande force et d’un grand poids. Ce sont ceux du somnambulisme spontané et de la catalepsie. On y retrouve à peu près tous les caractères attribués au sommeil magnétique, et leur authenticité historique n’est pas facile à ébranler. La plupart des autres, empruntés à la physiologie générale, à la physique, à l’histoire naturelle, à la psychologie, sont tirés de trop loin pour faire à part beaucoup d’impression ; mais, réunis aux précédens, ils établissent en faveur de la réalité de quelques phénomènes somnambuliques, et du somnambulisme lui-même, une probabilité très suffisante pour donner quelque embarras aux incrédulités systématiques.

Quant aux témoignages prétendus historiques sur les effets du magnétisme animal comme agent curatif et sur les faits de som-