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ses mains sur les parties malades. Gassner, curé de Ratisbonne, eut les mêmes succès en Allemagne, dans le XVIIIe siècle.

Mais c’est surtout pour le somnambulisme magnétique et les étonnantes facultés des somnambules qu’on fait appel à toute la nature, à tous les témoignages. Et d’abord il y a, dit-on, un somnambulisme naturel, bien connu et non contesté, qui par l’oubli au réveil et plusieurs autres circonstances, notamment la faculté de marcher, d’écrire, de se livrer sans erreur à des occupations qui supposent une sorte de vision, se rapproche beaucoup du sommeil magnétique. Le plus connu de ces faits de somnambulisme naturel est celui d’un abbé qui se levait la nuit, et, tout endormi, sans lumière, écrivait ses sermons, biffait et corrigeait des mots, des lettres. C’est la fameuse histoire racontée dans l’Encyclopédie. Pourquoi donc un état analogue ne pourrait-il pas être artificiellement reproduit ?

Après le somnambulisme spontané viennent certaines maladies nerveuses, et en première ligne la catalepsie, qui a offert à divers médecins de tous les temps des exemples d’insensibilité extérieure, et quelquefois de transport des sens, de prévision et de lucidité à distance. Ici se placent les fameuses cataleptiques de Petetin de Lyon, l’histoire non moins remarquable de Mlle de Strombeck, les faits de catalepsie avec vision, odoration, audition par l’épigastre, prophétisation, sens médical, observés par M. Despine, directeur et médecin des eaux d’Aix, par Barrier, médecin à Privas, par Dumas de Montpellier, le cataleptique de l’hôpital Della-Vita à Bologne, en 1832[1], et grand nombre d’autres observés en divers temps, en divers lieux, par des hommes de l’art, comme de simples cas de maladies, hors de toute préoccupation systématique et de toute relation avec le magnétisme animal.

Parmi les analogies plus indirectes et plus ou moins éloignées, on rappelle les facultés admirables des animaux, et particulièrement l’instinct médical, l’instinct des voyages, des localités, en vertu desquels, sans instruction, ni expérience, ni intervention possible des sens, ils s’administrent des remèdes d’un effet certain dans leurs maladies, retournent, par exemple, d’un lieu où on les a transportés pendant la nuit dans une voiture fermée, par le plus court

  1. Le célèbre professeur Orioli, pendant son séjour à Paris, nous a personnellement affirmé la vérité des faits relatifs à cette cataleptique. Entre autres prodiges, elle lut deux vers latins qu’il avait écrits chez lui avant de sortir de sa chambre, sur un morceau de papier, dont il n’avait fait part à personne, et resté ployé dans sa poche.