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DU MAGNÉTISME ANIMAL.

que le mot était déjà alors très répandu, et la lecture de ces ouvrages et d’une foule d’autres montre que la chose ne l’était pas moins. Mesmer n’en fut pas l’inventeur, mais le restaurateur. C’est là un point mis il y a long-temps hors de question par Thouret[1], et nos propres recherches nous ont convaincu qu’il y a peu d’exemples d’un plagiat aussi complet. Néanmoins cette restauration était assez imprévue, et se présentait d’ailleurs avec quelques dehors assez spécieux pour faire l’effet d’une espèce de nouveauté scientifique en France, lorsque Mesmer l’y apporta, en 1778.

Le système de Mesmer n’a, dans ses principes et dans sa pratique, presque rien de commun que le nom avec celui des magnétismes modernes. En voici brièvement la substance.

Il existe une influence mutuelle entre les corps célestes, la terre et les êtres animés. Cette influence s’exerce au moyen d’un fluide prodigieusement subtil, qui remplit tout. L’action de ce fluide est soumise à des lois mécaniques déterminables. La plus universelle de ces lois est un balancement alternatif, dont le flux et reflux de la mer est un exemple visible, mais dont la répétition incessante au sein de la matière est la cause de tous les phénomènes de l’univers sans exception, et la source de toutes les propriétés des corps. Le corps humain jouit, en vertu du principe universel, de propriétés analogues à celles de l’aimant ; il a deux pôles. Il a donc une vertu magnétique, et cette vertu, quoique commune à tous les êtres, peut, en tant qu’on la considère dans les corps animés, être appelée magnétisme animal. Cet agent magnétique est le principe de tous les actes vitaux ; et comme il est susceptible d’être poussé, concentré, soutiré, accéléré, augmenté ou diminué par des moyens artificiels, il acquiert, entre les mains du médecin, une puissante influence médicatrice. Il peut guérir immédiatement ou médiatement toutes les maladies.

Cette doctrine, où l’on voit, à travers les traces non équivoques de l’ancienne médecine magnétique, des élémens empruntés aux récentes découvertes sur l’électricité, Mesmer offrait de la démontrer par des faits. Ces faits consistaient en des phénomènes physiologiques produits sur le corps de l’homme et par des guérisons de maladies.

    de Maxwel (de Medicina magnetica, 1679) ; de Nicolas de Loques (Traité des vertus magnétiques du sang, 1664) ; de Van-Helmont (de Magnetica vulnerum curatione) ; de Goclenius (Tractatus de magnetica vulnerum curatione) ; du P. Kircher (Magnes, sive de arte magnetica, 1654).

  1. Recherches et Doutes sur le magnétisme animal, 1784, Paris.