Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

qu’il fût élu au siége métropolitain de Cologne, à une convention faite, disait-on, en conformité avec le bref du pape, mais dont on ne lui fit pourtant pas connaître le contenu. Le gouvernement espéra que cet engagement vague et conditionnel suffirait pour que M. de Droste se crût tenu de marcher dans les voies de son prédécesseur[1]. On comptait d’ailleurs entièrement sur l’ascendant de l’autorité royale et sur l’influence des exemples de faiblesse donnés par les autres évêques. Ces espérances ne tardèrent pas à être démenties ; car, lorsque M. de Droste, devenu archevêque de Cologne, eut reçu communication de la convention signée par M. de Spiegel, il reconnut que, loin d’être conforme au bref du pape, elle était en contradiction di-

  1. Le gouvernement prussien a fait grand bruit de cette promesse de l’archevêque, qu’il a accusé plus tard dans son manifeste d’avoir violé la parole donnée à son souverain et que son souverain avait acceptée. Voici comment cette accusation est réfutée par M. de Rotteck, publiciste célèbre, fort peu suspect d’ailleurs de partialité en faveur de l’église catholique, comme le prouvent surabondamment ses ouvrages historiques et même celui auquel nous empruntons la citation suivante : « Les mots conformément au bref du pape dont s’est servi M. de Droste doivent avoir une significations ou un but ; dès-lors ils indiquent nécessairement ou la supposition que la convention des quatre évêques avec le gouvernement prussien est réellement conforme au bref, ou une condition mise à l’accomplissement de la promesse et par conséquent une limitation… Que les termes de cet écrit soient un peu ambigus et par là susceptibles de plus d’une interprétation, c’est ce qu’on ne peut méconnaître ; mais comme du côté de la Prusse l’affaire avait été traitée diplomatiquement et dans un esprit diplomatique, d’abord à Rome avec le pape, puis à Berlin entre M. de Bunsen et l’archevêque Spiegel ; comme à la suite de la dernière négociation on avait, sous le nom de convention pour l’exécution du bref pontifical, substitué à ce bref un règlement qui s’en écartait essentiellement ; comme enfin toutes ces négociations, tous ces pourparlers annonçaient tant d’artifice et de diplomatie, donnaient lieu à des explications si diverses, qu’on pouvait à peine trouver un droit chemin au milieu de tout cela, ou y reconnaître un but nettement exprimé, M. de Droste a bien pu prendre pour fil dans ce labyrinthe ou pour point fixe auquel se tenir l’expression : conformément au bref du pape. M. d’Altenstein n’ayant rien objecté à cette clause ou ayant pensé qu’il était plus habile de garder le silence sur ce point, l’archevêque peut aujourd’hui s’en référer à ses paroles. Sa déclaration du 17 septembre 1837 est très claire et très positive à cet égard, tandis que le procès-verbal de M. de Bunsen est une œuvre toute diplomatique et sophistique. Ces observations tirent une nouvelle force de l’exposé récemment publié par la cour de Rome, lequel a jeté une si vive lumière sur les négociations de la Prusse avec le siége pontifical et sur la loyauté de M. de Bunsen. Vraiment, quand on compare les déclarations, les assurances, les protestations officielles de ce chargé d’affaires prussien avec la marche de l’affaire telle qu’elle résulte des pièces justificatives, on ne se sent guère le courage de jeter la pierre à l’archevêque pour sa promesse un peu ambiguë. » Rotteck, l’Affaire de Cologne considérée du point de vue du droit commun, 1838.