Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/707

Cette page a été validée par deux contributeurs.
697
DU MAGNÉTISME ANIMAL.

sa marche, a pour résultats le perfectionnement graduel de l’idée scientifique et la conscience de plus en plus claire des moyens de réaliser cette idée. Sa conséquence dernière, si elle pouvait être atteinte, serait de faire disparaître toute différence entre ce qui est cru et ce qui est su, c’est-à-dire d’égaler en toutes choses le domaine de la science à celui de la foi.

Si cette manière de concevoir le mouvement de la science est exacte, il est tout simple qu’il y ait à tous les momens de cette évolution des disparates dans les diverses sciences ou branches de sciences, et en conséquence il n’y a pas lieu de s’étonner ni de douter que la science actuelle conserve encore sur bien des points, quoique à son insu, une forte empreinte du caractère logique de la science ancienne.

Du reste, nous n’en sommes pas réduits à raisonner sur des probabilités. Il est facile de prouver par le fait, non-seulement que l’esprit scientifique des anciens âges subsiste encore avec force dans plusieurs de nos sciences les plus accréditées, dans la médecine par exemple, mais encore que des corps entiers de doctrines, dont l’étroite parenté avec les connaissances occultes les plus décriées est d’une irrécusable authenticité, s’établissent au milieu de nous, y vivent et s’y propagent sans autorisation légale, et même y font une assez belle figure. Parmi ces intruses se place en première ligne le magnétisme animal, objet spécial de notre étude dans ce travail.

Le mot médecine vient de nous échapper à l’occasion des sciences occultes. Nous ne l’avons pas cherché ; nous l’avons involontairement rencontré. Nous ne serions pas surpris que la médecine actuelle se crût blessée de cette rencontre, quoiqu’elle soit un simple rapprochement, et non une assimilation. Mais la situation particulière de cette science, considérée du point de vue logique, est si propre à éclaircir et à justifier les considérations qui précèdent, que nous n’hésiterons pas à en faire usage, au risque même de quelque scandale. Ce n’est pas que les médecins modernes soient tout-à-fait sans scrupule sur la valeur de leur science. Il en est un certain nombre qui sentent les côtés faibles de sa constitution, seulement il en est très peu qui se fassent une idée bien nette de la nature et de l’étendue de ce déficit. Une comparaison directe de la science médicale avec les fausses sciences du temps passé serait choquante, et, sous bien des rapports, peu équitable. Mais on ne s’écartera pas beaucoup de la vérité en réduisant l’assertion à ceci, savoir : que les propositions dogmatiques qui composent aujourd’hui la croyance du médecin,