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QUESTION
ANGLO-CHINOISE.

LETTRES DE CHINE.

No I.

Vous me priez, monsieur, de vous donner quelques détails sur cette grande question anglo-chinoise, et vous me reprochez de ne pas vous les avoir donnés plus tôt. Quand vous aurez lu ces pages, vous excuserez facilement mes hésitations. Je n’aime guère à parler que des choses que je connais, et, je l’avoue, les mystères présens et futurs de la guerre que l’Angleterre fait, en ce moment, à la Chine, sont encore impénétrables pour moi. Je ne suis pourtant pas resté spectateur inattentif des évènemens ; je les ai étudiés avec soin, à mesure qu’ils se sont déroulés sous mes yeux, et les motifs de cette guerre n’ont pas tous échappé à ma pénétration ; toutefois, le voile qui enveloppe les derniers actes de ce grand drame est bien loin d’être levé pour moi. Probablement ceux qui jouent les principaux rôles ne sont pas plus avancés dans leurs prévisions que je ne le suis moi-même. Ils marchent en aveugles, croyez-le bien, au milieu de ce labyrinthe de négociations commencées et aussitôt rompues, de promesses faites sans la moindre bonne foi, de proclamations à grand effet, et de combats sans résultats. Ils ne peuvent faire autrement ; pas de faits analogues, pas d’antécédens, moins encore de connaissances locales pour les diriger.

C’est, pour ainsi dire, un nouveau monde qu’on vient de découvrir et