Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 29.djvu/652

Cette page a été validée par deux contributeurs.



PEINTRES MODERNES.

M. CHARLES DE LABERGE.

L’un des artistes les plus originaux qu’ait produits l’école française moderne, M. Charles de Laberge, vient de mourir obscurément, nous dirons presque dans l’oubli. Si l’artiste eût vécu, cet oubli, dont il s’enveloppait volontairement, n’eût été que temporaire ; du moment qu’il n’est plus, il doit cesser. Tous ceux qui s’occupent d’art savent combien les débuts de M. de Laberge furent brillans. Si, comme tant d’autres, il eût voulu exploiter ses premiers succès, à défaut de la réputation durable qui l’attend, il eût certainement acquis cette gloire d’un jour qui préoccupe la foule, cette fortune dont elle se montre si jalouse. M. de Laberge était trop amoureux de son art pour se laisser prendre à un pareil appât ; il avait un profond dédain pour les ovations quotidiennes et la fausse popularité. Mais, si le succès fut pour lui sans entraînement, il eut des dangers d’une autre espèce ; il exalta démesurément son ambition d’artiste, il le rendit chaque jour plus sévère pour lui-même, il lui fit rêver une perfection imaginaire, à laquelle il n’est peut-être pas donné à l’homme d’atteindre. M. de Laberge, tout entier à d’opiniâtres études,