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article[1], ils exprimaient les vœux que formait la nation afin d’obtenir une constitution uniforme pour tout le royaume. Le roi, tout en repoussant la demande d’une représentation générale telle que l’entendent les états constitutionnels de l’Europe, déclara que le système représentatif du pays avait besoin de recevoir un développement mieux adapté aux progrès intellectuels et aux exigences de l’époque, et promit d’y introduire des améliorations notables. Bientôt après il ordonna la convocation des diètes provinciales conformément au décret de 1823, et il leur accorda la faculté de faire connaître leurs délibérations par la voie de la presse, ce qui ne s’était pas encore fait. Toutes ont usé de cette faculté, et la publicité de leurs débats, quoique encore incomplète par suite de quelques restrictions, a pourtant produit un assez grand effet. Bien que dans la plupart des assemblées provinciales on se soit borné à débattre des intérêts locaux, on a quelquefois aussi abordé des questions d’un intérêt plus général. Ainsi on a demandé, sinon l’abolition de la censure, au moins une plus grande extension de la liberté de la presse ; les députés de la Prusse occidentale rassemblés à Danzig ont réclamé une représentation unique pour toute la monarchie ; Breslau, capitale de la Silésie, a chargé ses députés de proposer aux états de la province une pétition dans le même sens, et d’autres villes importantes ont adressé des demandes à leurs diètes respectives. Là où elles n’ont pas été accueillies, ce n’a été le plus souvent qu’à raison de la confiance qu’inspirent les intentions et les promesses du roi, mais il n’en est pas moins vrai que tout le monde s’est montré d’accord sur la nécessité d’une réforme dans les institutions existantes, et qu’un parti nombreux et puissant désire que cette réforme se fasse dans le sens de ce qu’on appelle les idées constitutionnelles. Nous n’examinons pas ici jusqu’à quel point une constitution uniforme et générale conviendrait à un pays composé de parties aussi peu homogènes que le sont les diverses parties de la monarchie prussienne, nous constatons seulement une situation des esprits d’où résulteront tôt ou tard de sérieuses difficultés, aggravées encore par quelques circonstances qui doivent êtres expliquées. Il faut savoir que Frédéric-Guillaume IV, prince distingué par ses lumières et son instruction, a une prédilection notoire pour les doctrines de ce qu’on appelle en Allemagne l’école historique, laquelle repousse absolument les théo-

  1. Il y est dit que la diète devra veiller à ce que la disposition de l’article 13 ne reste sans accomplissement dans aucun état.