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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

où le pouvoir, au lieu de trouver dans la nation affection et confiance, ne rencontrera chez elle qu’une résistance ouverte ou une inimitié cachée[1]. »

IV. — état des esprits en prusse — affaire de cologne.

La querelle du roi de Hanovre avec ses sujets a excité et excite encore un intérêt marqué, surtout dans les états constitutionnels de la confédération ; mais ce qui attire par-dessus tout les regards de l’Allemagne, ce sont les questions qui s’agitent en Prusse, où une querelle religieuse déjà ancienne et envenimée se complique aujourd’hui d’un commencement de mouvement politique. Nous avons dit ailleurs comment le roi Frédéric-Guillaume III, après avoir promis à ses sujets une constitution représentative, jugea plus tard que l’exécution de cette promesse aurait de graves inconvéniens pour la Prusse et pour l’Allemagne tout entière, et comment, au lieu d’états-généraux pour tout le royaume, il se borna à instituer en 1823 des états provinciaux dont la convocation fut rare, les attributions très bornées, les délibérations sans publicité et l’action à peu près nulle. Pendant la vie de ce prince, les Prussiens, fiers de la supériorité intellectuelle et scientifique qu’ils s’attribuent, ont paru croire qu’un absolutisme éclairé, comme celui qui les régissait, était ce qui pouvait leur convenir le mieux, et la faveur avec laquelle étaient accueillies les théories qui représentaient le gouvernement prussien comme le beau idéal de l’état, durent faire penser qu’ils n’ambitionnaient pas cette vie politique plus active et plus agitée qu’ont développée ailleurs les formes représentatives. Il n’en était pourtant rien, ainsi que viennent de le prouver les manifestations qui se sont produites depuis l’avènement de Frédéric-Guillaume IV, à la faveur de ce mouvement d’enthousiasme et d’espérance qu’excitent presque toujours les commencemens d’un nouveau règne. Quand ce prince, au mois d’octobre 1840, alla se faire couronner à Kœnigsberg, capitale de l’ancienne Prusse royale, les députés des diverses provinces présens pour la prestation de l’hommage remirent au roi une adresse dans laquelle, après avoir rappelé les anciennes promesses de son père, l’article 13 du pacte fédéral[2] et la stipulation de l’acte final de 1820 relativement à cet

  1. Ainsi se sont exprimés, dans une pétition en date du 22 février 1841, les députés des villes et des propriétaires libres à l’assemblée provinciale d’Osnabrück.
  2. « Il y aura des assemblées d’états dans tous les pays de la confédération. »