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NAPLES
EN 1841.

Quand on arrive à Naples venant de Rome, le premier sentiment dont on est saisi en entrant dans cette nouvelle capitale, c’est une sorte d’étonnement de la trouver si grande et si peuplée. Le calme profond qui règne à Rome, la solitude grandiose de ses rues, ont donné à l’esprit d’autres pensées. On s’est habitué à croire que l’Italie, autrefois si riche d’habitans, se dépeuple également sur toute sa surface, et que toutes ses villes offrent le même aspect de décadence paisible et majestueuse. Ce qu’on a entendu dire de Naples lutte bien contre ce préjugé, mais en vain. Les connaissances acquises par ouï-dire ne sont pas suffisantes pour combattre les impressions qu’on reçoit par les yeux. Il y a d’ailleurs, dans cette tristesse poétique de Rome, quelque chose qui pénètre l’ame profondément ; on se laisse aller, sans trop s’en rendre compte, à la langueur qu’elle inspire. Tout en continuant de déplorer le silencieux repos qui a succédé à l’antique activité de l’Italie, on finit par s’y accoutumer, par le trouver doux, et on en vient à ne plus concevoir un autre état possible pour ce peuple si abattu, mais si beau dans son sommeil.