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part, se distinguent en général par l’esprit remuant et inquiet qui y règne. Il y a là peu de respect pour l’autorité et assez d’indifférence pour la personne des souverains. Les opposans et les mécontens y sont en plus grande quantité que partout ailleurs, et le grand nombre y fait des vœux secrets pour qu’un nouveau remaniement de l’Allemagne donne aux intérêts des populations, surtout à leurs intérêts moraux et religieux les garanties si complètement oubliées lors des partages de Ratisbonne et de Vienne. Les coups d’état de la diète n’ont donc rétabli la tranquillité qu’à la surface, et il est resté dans les esprits assez de mécontentement, d’impatience de l’ordre établi, de vagues désirs de changement, pour qu’on puisse s’attendre à voir recommencer, à la première occasion, les luttes qui deux fois déjà ont menacé l’existence même de la confédération germanique. On peut dès aujourd’hui juger de l’avenir par la fermentation qu’ont excitée, dans certains états de l’Allemagne, quelques évènemens récens dont il nous reste à entretenir nos lecteurs.

III. – affaire de la constitution de hanovre.

Nous avons parlé précédemment de l’insurrection du Hanovre en 1831, de la facilité avec laquelle elle fut réprimée, et de l’engagement spontané pris par le gouvernement de réformer la constitution du pays. La promesse donnée au nom de Guillaume IV, roi d’Angleterre et de Hanovre, fut remplie le 26 septembre 1833 par la promulgation d’une nouvelle loi fondamentale. Cette loi, assez semblable aux chartes qui régissent les autres états constitutionnels de l’Allemagne, n’était assurément pas l’une de celles où la moins forte part était faite au pouvoir monarchique, et elle fut en vigueur jusqu’à la mort de Guillaume IV, arrivée le 20 juin 1837. La succession de ce prince fut partagée : pendant que sa nièce Victoire montait sur le trône de la Grande-Bretagne, le duc de Cumberland, son frère, hérita de la couronne du Hanovre, dont la ligne féminine était exclue, et qui fut ainsi séparée de celle d’Angleterre. Le nouveau roi, Ernest-Auguste, refusa de prêter serment à la constitution de 1833, et déclara dans une proclamation, en date du 5 juillet 1837, que cette constitution n’avait rien d’obligatoire pour lui, que d’ailleurs il n’y trouvait pas les garanties nécessaires au bonheur de ses sujets, et qu’il se réservait de la changer ou de la modifier après en avoir mûrement délibéré. Cette proclamation était contresignée par M. de Schele, qui, nommé récemment ministre d’état et de cabinet, avait