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intérêts généraux de l’Allemagne. Au reste, les gouvernemens de l’union paraissent avoir renoncé, quant à présent, à l’espoir de faire cesser cette séparation ; car, s’il en était autrement, ils n’auraient pas fait à la Hollande d’abord, et tout récemment à l’Angleterre, les importantes concessions qui résultent des traités de commerce conclus par eux avec ces deux puissances.

Malgré ce qui manque encore à l’union pour acquérir tout son développement et devenir une véritable puissance dans le monde commercial, ce que nous avons dit précédemment suffit pour montrer qu’elle a déjà beaucoup fait pour les intérêts matériels de l’Allemagne. Ses résultats dans l’ordre politique méritent aussi d’être pris en considération. Ainsi l’Autriche, en refusant d’y accéder, a mis une barrière de plus entre elle et le reste de la confédération germanique ; elle lui est devenue étrangère par un côté très important, et cela n’a pu manquer d’affaiblir beaucoup son influence. Celle de la Prusse, au contraire, a considérablement augmenté, par suite de la part si décisive que cette puissance a prise à l’établissement de l’union, et de l’espèce de protectorat sur les états secondaires qui en est résulté pour elle. Nous ajouterons qu’une association de cette nature, par les barrières qu’elle a fait tomber et les relations nouvelles qu’elle a établies entre le plus grand nombre des peuples allemands, a fait faire un pas vers l’unité politique de l’Allemagne ; toutefois, son importance sous ce rapport nous semble avoir été fort exagérée par quelques publicistes d’outre-Rhin, qui, depuis ce rapprochement des intérêts, se croient à la veille de cette unité tant rêvée, mais à laquelle il y a dans les choses elles-mêmes trop d’obstacles de toute espèce, pour qu’on puisse prévoir par quelle voie on y arriverait.

II. — de l’unité de l’allemagne et des causes qui s’y opposent.

Les bornes que nous nous sommes prescrites ne nous permettant pas d’examiner en détail la situation de chacune des parties dont se compose la confédération germanique, nous nous occuperons d’une question qui touche à beaucoup d’autres, celle de l’unité politique et nationale de l’Allemagne. L’unité de la France, de l’Angleterre, de la Russie, de l’Espagne, celle de la plupart des nations européennes, n’est point chose qui puisse donner lieu à l’examen et à la discussion ; elle est trop claire et trop visible pour que personne songe à la contester. Il n’en est pas de même de l’Allemagne, vaste assemblage d’états indépendans, inégaux en force et en puissance, dont