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REVUE. — CHRONIQUE.

trées desservies par nos lignes, se trouvent toutes celles du réseau de M. Perreymond ; il faut en excepter seulement, sur la direction de Paris à Bordeaux, le pays compris entre Châteauroux et Cahors, où les travaux seraient difficiles et où les populations sont peu agglomérées.

Enfin, les chemins de fer que nous traçons dans les vallées pourraient souvent être établis sur des levées qui serviraient à contenir les eaux d’inondation. Cela paraît facile dans la vallée de la Loire, et notamment entre Tours et Candes, où le pays en recevrait un immense bienfait.

Nous avons cru devoir reproduire le beau projet de 1838, parce que, dans notre conviction profonde, tout plan d’ensemble de chemins de fer doit être tracé en vue de l’intérêt public et sans aucune préoccupation étrangère. Ainsi, dans les nombreuses subventions offertes par les villes et par les départements, l’état verra de précieux indices de la sympathie générale ; mais il ne saurait aucunement en profiter, car, d’une part, on ne peut modifier la direction reconnue la meilleure sans blesser de graves intérêts, et, de l’autre, il serait souverainement injuste de recevoir une allocation qui n’aurait pas exercé d’influence sur le choix des lignes suivies. — Si, comme nous le pensons, il est convenable que les localités traversées par un chemin de fer contribuent spécialement aux frais de sa construction, ce doit être seulement au moyen d’un impôt obligatoire réglé par la loi, de manière à laisser à l’état toute liberté dans sa détermination.

Quant au mode d’exécution, nous n’y voyons qu’une question de détail. Seulement il est bon de rappeler, à ce sujet, comment se sont évanouies les pompeuses promesses des compagnies, qui semblaient devoir seules produire tous les chemins de fer, sans que la moindre parcelle de la fortune publique y fût dépensée, comme si la fortune publique ne se composait pas de toutes les fortunes, et de la somme des efforts et du travail de chacun. La seule économie possible est évidemment le meilleur emploi de ces forces, et, en 1838, ce principe avait conduit à placer entre les mains de l’état l’exécution de tous les grands travaux. — L’opinion publique, long-temps contraire à ce mode, semblerait y revenir aujourd’hui, du moins quant aux grandes lignes ; et, pour cela, toutes les voix seraient unanimes, si l’on voyait, pour les chemins de fer, une direction spéciale, organisée de manière à prévenir toutes les lenteurs que l’on redoute. Ces lenteurs administratives sont certes bien indépendantes des ingénieurs, mais elles sont réelles, et, pour y remédier, il faudrait qu’une seule direction pût imprimer l’activité nécessaire à la longue filière des diverses administrations.

On a proposé récemment de faire exécuter par l’état les terrassemens et les ouvrages d’art, en laissant à la charge des compagnies la pose des rails et ce qui concerne l’exploitation. — Nous ne saurions espérer de bons résultats de cette combinaison, qui met en présence des intérêts trop différens pour qu’il n’en sorte pas, immédiatement ou dans l’avenir, quelques grandes difficultés. — Les réclamations que M. le comte Pillet-Will a soulevées, en 1837, pour