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l’union. Il n’y a eu à la vérité de déficit réel que dans les premières années, et la part attribuée à la Prusse sur le revenu total est depuis long-temps supérieure à ce qu’avait été le produit de ses douanes particulières dans l’année qui a précédé l’union ; mais elle allègue que ce produit aurait augmenté dans une proportion beaucoup plus forte que celui des douanes unies, et elle a proposé en conséquence d’adopter un autre mode de répartition que celui qui a pour base la population respective des états associés. Il a été répondu que ce mode était le plus simple, le plus naturel, le plus équitable, qu’on ne pouvait attribuer raisonnablement à l’adoption de ce mode le déchet dont la Prusse se plaignait, et que d’ailleurs, si le trésor de l’état avait perdu quelque chose d’abord, les sujets prussiens avaient notoirement beaucoup gagné. La Prusse s’est rendue à ces raisons, et elle a accédé au vœu de la majorité, qui était pour le maintien des bases existantes, ce qui peut faire croire que le calcul de ses pertes était un peu exagéré, et qu’indépendamment des avantages politiques et économiques qu’elle a retirés de l’union, ses intérêts financiers eux-mêmes ne sont pas sérieusement compromis par l’état de choses existant.

L’union, comme nous l’avons vu, a excité à un haut degré la production indigène, en lui assurant un marché intérieur de vingt-six millions d’hommes ; toutefois elle n’a pu encore lui procurer de grands débouchés à l’extérieur, parce qu’il lui manque le libre accès à la mer, sans lequel l’association allemande ne peut prendre une place considérable dans le monde commercial. La Prusse, il est vrai, possède des ports sur la Baltique, mais cette mer lointaine et fermée[1] n’offre que de faibles ressources au commerce allemand : tous ses intérêts, au contraire, le portent vers la mer du Nord, où sont les embouchures des principaux fleuves germaniques[2], et sans laquelle il lui est impossible d’établir des relations faciles et avantageuses soit avec les puissances maritimes de l’Europe occidentale, soit avec l’Océan et les contrées transatlantiques. Mais les états auxquels appartiennent les côtes de cette mer n’ont point encore voulu accéder à l’union des douanes. Le Hanovre, quoique séparé aujourd’hui

  1. Stettin, Danzig, Kœnigsberg, sont beaucoup trop éloignés du centre pour pouvoir être d’une grande utilité à l’Allemagne occidentale et méridionale. La Baltique peut s’appeler une mer fermée, parce qu’on ne peut y pénétrer que sous le bon plaisir du Danemark et de la Suède, et en acquittant le péage du Sund, qui est très élevé.
  2. Le Rhin, l’Ems, le Weser et l’Elbe.